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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1075 - avril 2007 > Raisons d’espérer ou de désespérer

 

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Réflexions

Comme le démontrent Laurence Baranski et Jacques Robin dans leur dernier livre, déjà analysé dans nos colonnes, il y a urgence de procéder à des changements complets. Il ne s’agit plus de se contenter de beaux discours électoraux, dont G-H Brissé dénonce encore une fois l’inutilité et les dangers :

Raisons d’espérer ou de désespérer

par G.-H. BRISSÉ
30 avril 2007

Voici venu le temps des doléances. À quelques encablures de la ligne de départ d’un marathon électoral que l’on considère comme crucial pour l’avenir de ce pays, ne serait-ce que parce qu’il révèle la montée d’une nouvelle génération politique, chaque catégorie sociale fait valoir ses revendications, souvent justifiées : des viticulteurs aux maraîchers, des marins aux chasseurs, des chasseurs d’escargots aux chercheurs de champignons, chacun interpelle les candidats à la magistrature suprême. Et eux de répondre par de sublimes promesses et des discours ronflants aux souhaits formulés, qui s’empilent les uns sur les autres, tels des produits présentés par un catalogue de vente par correspondance.

Telle formation politique va engluer de ses propres propositions une candidate aux velléités d’autonomie, tandis que les organisations syndicales frappent à la porte des futurs premiers magistrats potentiels de la France, histoire de démontrer qu’ils sont toujours bien là et qu’il faudra compter avec eux en dépit d’effectifs de militants qui partent en quenouille.

La dictature des marchés
... bis repetita.

Pendant ce temps, dans l’ombre, les puissances financières s’agitent, font et défont les pouvoirs politiques en place. Leurs profits, estimés à 95 milliards d’euros en 2006, en hausse de 18 % par rapport à l’année précédente, croissent avec les délocalisations d’entreprises et le nombre de licenciements enregistrés ici ou là.

Une entreprise comme EADS-Airbus, qui ploie sous les commandes, n’hésite pas à se délester au niveau européen de quelque 10.000 salariés !

L’an dernier, les sociétés du CAC 40, qui constituent les principales références boursières, ont versé à leurs actionnaires des dividendes de l’ordre de 32 milliards d’euros, ce qui représente 40 % de leurs profits ! À titre de comparaison, ce taux atteignait à peine 7 % en 1987.

Au moment où j’écris ces lignes, le 10 mars, l’indice du CAC 40 vient de chuter. Ce qui n’empêche que ses gains accumulés depuis le début de l’année représentent encore une augmentation de 14 % sur les huit derniers mois. Assiste-t-on à l’amorce d’un krach ? Voire même d’une récession aux États-Unis d’Amérique, comme le clame à qui veut bien l’entendre Mr. Alan Greenspan, l’ex grand manitou de la Banque Fédérale américaine ? Que nenni ! Tout au plus s’agit-il d’une “correction”. C’est du moins ce que nous annoncent nos experts ès-sciences économiques !

Que s’est-il réellement passé ? La Bourse de Shangaï (en Chine, la patrie de Mao !) avait enregistré un dérapage de 130 %. Des rumeurs d’instauration, par le gouvernement central, d’une fiscalité sur les plus-values pour calmer cette surchauffe ont amené les hedge funds, les fonds spéculatifs internationaux dont nous avons déjà dénoncé les effets corrosifs, à retirer leurs mises sur la Bourse de Shangaï.

L’effet domino a engendré des fluctuations erratiques sur les marchés mondiaux, qui devraient demeurer quelque peu volatiles, mais pas au point de provoquer un krach !

S’y ajoutent d’autres phénomènes que nous avons déjà dénoncés, tels les hausses inconsidérées observées sur les marchés de certaines matières premières, ou le rythme de plus en plus élevé des fusions-acquisitions d’entreprises.

Les corrections boursières peuvent être sciemment provoquées, d’autres relèvent de certains mouvements de panique. Mais malgré les outils de gestion informatique, de plus en plus affinés, dont les milieux boursiers peuvent aujourd’hui disposer, l’économie mondiale est toujours à la merci d’une crise majeure dont, telle une explosion nucléaire, ni l’ampleur, ni les retombées ne sont maîtrisables.

Une mesure de prudence qui s’impose

C’est pourquoi, par delà les évolutions techniques qui nous permettent de produire toujours plus et mieux et à un rythme accéléré, nous devrons être attentifs à légaliser la représentation de tous les acteurs de l’entreprise : salariés, fournisseurs en amont, clientèle en aval, au sein des conseils d’administration, des conseils de surveillance, aux côtés des actionnaires ; et à préserver les revenus de base de millions de consommateurs. L’objectif étant de réunir toutes les conditions objectives pour accroître le bien-être des citoyens, de tous les citoyens sans exclusives, et non pas, à l’inverse, de précipiter l’avènement d’un régime de pénurie, de prévarication et de délation.

Osons ce constat : ces mouvements boursiers erratiques peuvent à tout instant réduire à néant notre pouvoir d’achat.

La voie des SEL : à suivre

L’organisation des SEL (Servies d’Échanges Locaux) nous montre la voie à suivre sur une échelle plus large. Il suffit d’en avoir la volonté politique. L’exemple des Länder allemands, qui ont créé des dizaines de monnaies locales non thésaurisables, dont nous avons déjà rendu compte, est à méditer. L‘étalon monétaire, créé de toutes pièces pour servir de repère à un système d’échanges ciblés et encadrés par la loi, peut tout aussi bien s’appliquer à des transactions plus importantes en volume.

Il faut qu’un Syndicat National d’Usagers et de Consommateurs (SNUC) soit créé par des délégués d’organisations de consommateurs, d’associations écologistes, d’ONG à vocation humanitaire, de banques alimentaires, d’épiceries sociales, etc. Que le rôle essentiel de ce syndicat soit d’initier et de gérer le revenu social garanti. Et que ce revenu soit basé sur des produits ou services préalablement ciblés et mis à la dispositions de tous, en échange d’une activité, d’un service rendu à la société tout entière.

Ce revenu social garanti doit constituer le socle d’un revenu inoxydable, qui soit la référence d’un acte de solidarité concrète.

En effet, si la pénurie généralisée s’installe, si la société continue à se désagrèger, si les liens d’entraide n’ont plus de raison d’être, si les petits trafics, le marché noir, les activités clandestines se substituent à la nécessaire solidarité nationale, pensée et vécue par tous comme telle, alors il n’y a plus qu’à désespérer de l’avenir. Comme y sont condamnés aujourd’hui des individus livrés à eux-mêmes, sans foi ni loi, conscients de leurs droits mais ignorants de leurs devoirs envers la société au sein de laquelle ils évoluent.

Le revenu social garanti ne peut avoir aucun effet de substitution : il s’appuie sur une monnaie fondante, dont la valeur diminue jusqu’à épuisement au fur et à mesure de son utilisation, au prorata des produits ou services disponibles.

Il peut se produire un krach boursier majeur, la machine économique continuera à fonctionner sur la base de la monnaie de consommation génératrice de bien-être pour tous !

Au-delà des aboiements … démagogiques

Une batterie de réformes monétaires, fiscales et foncières à la hauteur des changements intervenus depuis plus d’un demi siècle s’impose donc et devrait être inscrite dans l’urgence au registre des préoccupations prioritaires de ceux qui aspirent à se hisser aux plus hautes fonctions de l’État.

Ignorer ces changements nécessaires, c’est se préparer à coup sûr, à affronter des révolutions futures, hélas imprévisibles et peu maîtrisables dont nous n’avons subi que les prémices.

Nous ne disposons que de moyens de pression rudimentaires et nous répugnons à utiliser de tels procédés, accordant notre préférence à la persuasion. N’exigeons donc pas des candidats la mise en application immédiate de ces projets de réformes. Mais des objectifs clairement affichés doivent déboucher sur des études de faisabilité concrète, de simulations dans différents domaines, par delà les discours incantatoires et les aboiements à vocation démagogique.

Se fixer un idéal, affiner un programme dont l’application s’avère fiable, présenter aux suffrages des électeurs une équipe de gouvemement (ou de contre-gouvernement, selon une proposition que j’ai faite dès 1963), pour le mettre en œuvre : voilà bien un chantier ouvert sur l’avenir !

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