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   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
 
 
 
 
 
AED La Grande Relève Articles N° 1014 - octobre 2001 > Les tours jumelles

 

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Témoignages

Voici, choisis au hasard de nos documents, trois témoignages de citoyens sans importance, le premier étant celui d’un Israëlien juif, le second celui d’un artiste-peintre New-Yorkais, le troisième est écrit par une française de province. Ils sont édifiants à plus d’un titre, mais montrent tous qu’il est impossible d’assimiler un peuple, quel qu’il soit, avec ses figures de proue médiatisées, même dans les pays qui se prétendent démocratiques :

Les tours jumelles

octobre 2001

Lorsque la fumée se sera dissipée, la poussière sera retombée et la colère initiale apaisée, l’humanité se réveillera en face d’une nouvelle réalité : il n’existe aucun endroit sûr dans le monde.

Quatre commandos-suicide ont paralysé les Etats-Unis, obligé son Président à se cacher, provoqué un terrible choc économique, immobilisé au sol tous les avions et vidé les bureaux gouvernementaux. Et cela peut se produire dans n’importe quel pays.

Pas seulement Israël, le monde entier appelle au “combat contre le terrorisme”. Hommes politiques, “experts en terrorisme” et leurs semblables proposent de frapper, de détruire, d’annihiler, et d’attribuer encore d’autres milliards à la “communauté du renseignement”. Mais aucune de leurs brillantes suggestions n’aidera les nations me-nacées. Comme rien de cela n’a aidé Israël.

Il n’y a pas de remède évident contre le terrorisme. Le seul remède est de supprimer ses causes. On peut tuer un million de moustiques, des millions d’autres les remplacent. Pour se débarrasser d’eux, il faut assécher le marécage qui les engendre. Et le marécage est toujours politique.

Personne ne se réveille un matin en se disant : aujourd’hui, je vais détourner un avion et me tuer. Personne ne se réveille un matin en se disant : aujourd’hui, je vais me faire exploser dans une discothèque de Tel-Aviv. Une telle décision mûrit dans la tête en suivant un processus lent, qui peut prendre des années. Le fondement de la décision peut être nationaliste, religieux, social, ou spirituel.

Aucun combat souterrain ne peut exister sans racines po-pulaires, sans une structure de soutien prête à fournir de nouvelles recrues, une assistance, des cachettes, de l’argent et des moyens de propagande. Une organisation souterraine cherche à gagner de la popularité et non en perdre. Elle attaque donc quand elle pense que c’est ce que souhaite la population : les attaques terroristes témoignent de l’humeur d’un peuple.

C’est vrai aussi dans le cas des Tours Jumelles. Les initiateurs de ces attaques ont décidé de mettre en œuvre leur plan après que l’Amérique ait fait naître une haine immense dans le monde. Pas à cause de sa puissance, mais à cause de la façon dont elle l’utilise. Elle est haïe par les ennemis de la mondialisation qui la blâment pour le terrible fossé qu’elle crée entre les riches et les pauvres, partout dans le monde. Elle est haïe par des millions d’Arabes à cause du soutien qu’elle apporte à l’occupation Israélienne et aux souffrances du peuple palestinien. Elle est haïe par une multitude de Musulmans à cause de tout ce qui ressemble à un soutien du contrôle juif des reliques Islamiques de Jérusalem. Et beaucoup de peuples en colère croient que l’Amérique soutient leurs persécuteurs.

Jusqu’au 11 septembre 2001 les Américains pouvaient entretenir l’illusion que tout cela ne concernait que les autres, au-delà des mers et que cela ne toucherait pas leur vies, bien à l’abri chez eux. C’est fini.

Une autre conséquence de la mondialisation est que tous les problèmes du monde concernent tout le monde, chaque cas d’injustice, chaque cas d’oppression. Le terrorisme, arme des faibles, peut atteindre tous les points du globe. N’importe quelle société peut devenir une cible et, plus une société est développée, plus elle est en danger. Il faut de moins en moins de gens pour faire souffrir de plus en plus de monde. Bientôt une seule personne suffira à transporter une valise contenant une bombe atomique miniaturisée et pourra détruire une mégapole de dizaines de millions de personnes.

Telle est la réalité du 21è siècle qui a, en fait, commencé cette semaine. Elle conduit à la globalisation de tous les problèmes et à celle de leurs solutions. Pas d’une manière abstraite, par une déclaration idiote aux Nations-Unies, mais par un effort global pour résoudre les conflits et établir la paix, avec la participation de toutes les nations, les États-Unis y jouant un rôle central.

Depuis que les États-Unis sont devenus une puissance mondiale, ils se sont écartés de la ligne tracée par ses fondateurs. C’est Thomas Jefferson qui a dit (en substance) : « Aucune nation ne peut bien se comporter si elle ne respecte pas un peu l’opinion des hommes ». Lorsque la délégation américaine a quitté la conférence mondiale de Durban, faisant ainsi avorter le débat sur les maux de l’esclavage et pour plaire à la droite israélienne, Jefferson a dû se retourner dans sa tombe.

Qu’il soit ou non confirmé que les attaques contre New-York et Washington ont été perpétrées par des Arabes, le monde est obligé de traiter la plaie infectée du conflit Israélo-Palestinien, qui empoisonne tout le corps de l’humanité. Un des membres “avisés” de l’administration Bush disait, il y seulement quelques semaines en parlant des Israéliens et des Palestiniens : « Laissons les saigner ». Maintenant, c’est l’Amérique qui saigne. Le conflit rattrape celui qui le fuit, même chez lui. Les Américains, et les Européens aussi, doivent retenir cette leçon. La distance de Jérusalem à New-York est courte, comme celle de New-York à Paris, à Londres ou à Berlin.

Ce ne sont pas seulement les sociétés transnationales qui embrassent le monde, les organisations terroristes aussi. Il faut donc que les instruments de solution des conflits soient, eux aussi, globaux.

Et à la place de ces édifices détruits au cœur de New-York, ce sont les Tours Jumelles de la Paix et de la Justice qu’il faut construire.

Uri Avnery
Texte paru sur le site internet “The Other Israel”,
traduit et publié avec l’autorisation de l’auteur.

On l’a bien cherché !

« C’est difficile à dire aujourd’hui, mais je trouve qu’on l’a bien cherché. New-York représente la domination d’un centre qui dicte sa loi aux autres pays, commande du café au Costa Rica, du pétrole au Moyen Orient. Si on ne veut plus de café, on leur dit : allez vous faire foutre. Notre démocratie est basée sur un mensonge. Elle repose sur une consommation d’énergie incroyable, et on voudrait faire croire au reste du monde qu’il pourrait vivre comme nous. Mais c’est la planète qui en crèverait ! »

Daniel,
artiste-peintre
interviwé par D.Le Guilledoux, Le Monde

Je ne les ai pas mis au monde pour ça !

« Ne trouvant aucun travail dans la région, ma fille a accepté un travail à temps partiel dans un Leclerc de la région parisienne. Elle travaille 4 heures, 6 jours par semaine et gagne 3.600 Frs par mois. Elle a d’abord été hébergée dans la famille éloignée mais ces personnes sont âgées et ont un très petit logement, ils ne peuvent la garder. Elle consacre son temps libre à en chercher un autre, mais aucun ne cor-respond, bien sûr à ses revenus. Mon fils, employé communal, a été embauché au fleurissement de la commune, mais accompagné par des CES ou des personnes en CDD ils ont en charge, à eux tous, la propreté et l’hygiène : nettoyage de cuves d’équarrissage et de station d’épuration. Travail bien utile mais bien ingrat pour lequel mon fils gagne 6.200 Frs nets par mois et n’a pas le droit aux allocations logement. Par contre on accorde de grosses remises d’impôts aux entrepreneurs et artisans lorsqu’ils augmentent leurs parcs automobiles ou immobiliers. Mes enfants sont mûrs pour entrer dans les black blocks, je ne les découragerai pas je les accompa-gnerai plutôt. Je ne les avais pas mis au monde pour cette vie de galère. »

Chantal.

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