La Grande Relève
   Mensuel de réflexion socio-économique vers l’Économie Distributive
AED La Grande Relève ArticlesN° 1075 - avril 2007

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N° 1075 - avril 2007

Au fil des jours   (Afficher article seul)

Jean-Pierre Mon constate que “les ficelles” de N.Sarkozy pour effrayer n’ont rien de nouveau, et que le “travail, famille, patrie” des “principaux candidats” était le slogan de Vichy. Pendant ce temps, l’emploi continue à se détériorer…

Querelles d’impuissants   (Afficher article seul)

Marie-Louise Duboin montre pourquoi il n’y a rien d’étonnant à ce que les électeurs aient beaucoup de mal à faire confiance aux promesses issues des “partis de gouvernement”.

L’expertise d’un spécialiste   (Afficher article seul)

Analyse de “Le nouveau mur de l’argent” de François Morin.

Une enquête sur la dette   (Afficher article seul)

Un audit pour faire la lumière sur la dette odieuse du Tiers monde.

Raisons d’espérer ou de désespérer   (Afficher article seul)

Gérard-Henri Brissé présente le revenu garanti comme une mesure de prudence face à la dicture des marchés dont le comportement est imprévisible.

Rap à moi   (Afficher article seul)

Michelec tente le rap, une autre façon de se faire comprendre.

Pesticides et publicité mensongère   (Afficher article seul)

Caroline Eckert souligne les effets sur l’environnement de la recherche de profit par les multinationales de l’agrochimie.

Pour une révolution écologique   (Afficher article seul)

Des sous, des sous !   (Afficher article seul)

Roger Winterhalter relève quelques formules absurdes, trop souvent entendues.

À propos de réformes fiscales : supprimer l’impôt sur le revenu   (Afficher article seul)

À propos du supplément de revenu en E.D.   (Afficher article seul)

Aux abonnés absents   (Afficher article seul)

… des conférences et débats organisés par deux lecteurs courageux.

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Chronique

Au fil des jours

par J.-P. MON
30 avril 2007

L’air de Neuilly

On sait toute l’horreur que représente mai 68 pour la droite : Nicolas Sarkozy n’arrête pas d’en rappeler les méfaits. Il en a encore fait le procès le 25 février dernier lors de son passage à Perpignan où il avait d’abord prévu d’aborder le thème de la fraternité et celui de la cohérence de son programme. Mais à son retour de Strasbourg, le 21, il a annoncé à ses collaborateurs : « je veux parler d’autorité ». C’est une obsession chez lui ! Haro donc sur 68 : c’est une société où serait « démodée l’obéissance de l’enfant à ses parents, ringarde la supériorité du maître sur l’élève, dépassée la soumission à la loi, fini le pouvoir de la police ainsi que l’amour de la patrie et la fidélité pour son drapeau », etc. En conséquence, le ministre-candidat a prôné la restauration de « l’ordre » dans tous ses aspects et à tous les niveaux.

Il semble que trente neuf ans après les “événements”, la « peur du rouge » ne soit pas une nouveauté à Neuilly, la cité chic chère à Sarkozy, mais bien une obsession : fin 68, Jacques Duboin s’en inquiétait déjà et il donna à son bulletin Réflexions d’un Français moyen [1] le titre “Un vent de folie”, en reprenant celui d’un article publié par Le Figaro du 24 décembre 1968. Ce dernier, rédigé par M. Peretti, député-maire de Neuilly, débutait ainsi : « Il souffle sur le monde un vent de folie qui frappe tour à tour les pays les plus divers... Tout est mis en cause, la politique, l’économie, le social, la religion... La preuve la plus éclatante de ce dérèglement est administrée par ce qui continue à se passer dans les facultés. Dans ce domaine la démission des adultes est navrante, mais l’aveuglement de trop de jeunes, alarmant. Chez ces derniers, chacun de prétendre qu’il va à la recherche d’un idéal et de se prononcer contre la société de consommation... en se gardant bien de consentir le moindre sacrifice, en exigeant sans cesse un nouveau confort, plus de gain et moins de travail. »

À quoi Jacques Duboin répondait : « Je me permets de lui dire que personne n’avait encore avancé une aussi belle énormité. Ce n’est pas moins de travail que réclament les jeunes, c’est au contraire du travail ! Ils se plaignent de ne pas trouver d’emploi quels que soient leur courage et leur bonne volonté. Enfin, si ce problème se pose aujourd’hui avec beaucoup d’acuité, il s’était déjà posé avant la seconde guerre mondiale. Mais l’honorable M. Peretti est probablement encore trop jeune pour s’en souvenir… » et lui apportait quelques précisions sur la colère des jeunes qui sont, hélas, toujours d’actualité et qu’il faut rappeler à Sarkozy : « Mais ces colères, c’est mon ami Paul Vaillant-Couturier qui en a donné la raison. Que M. Le Député-Maire de Neuilly daigne lire son beau livre qui a pour titre “Le malheur d’être jeune”. Il parut en 1935. L’auteur expose le désespoir de centaines de ses correspondants dont beaucoup étaient pourvus de diplômes universitaires. Tous cherchaient vainement un emploi : « Pas d’embauche » lisaient-ils à l’entrée des usines, et, s’ils parvenaient a être reçus, toujours la même réponse : « on prend bonne note et l’on vous écrira ». Or, les choses en restaient là. Les jeunes sans emploi n’étaient jamais recensés, car légalement ils n’étaient pas des chômeurs : personne ne les ayant embauchés, personne n’avait pu les licencier. Et pourtant Vaillant-Couturier rappelle qu’on les assimila bel et bien à des chômeurs quand il fut question de porter à deux années la durée du service militaire. La loi qui l’institua fut en effet présentée au Parlement beaucoup moins pour renforcer la défense nationale que pour … “résorber” le chômage des jeunes ». « C’est une bonne œuvre, disait le général Niessel, car il vaut mieux entretenir des soldats que des chômeurs ».

Pas de chance pour Sarko, sa droite moderne a supprimé le service militaire obligatoire !

Travail, Famille, Patrie

C’est en gros le programme des trois “principaux” candidats à la Présidence de la République.

Programme qui convient aussi très bien aux candidats de l’extrême droite. Ajoutez “le retour à la terre” d’un certain nombre d’écologistes (« La terre, elle, ne ment pas », disait Philippe Pétain) et vous retrouvez finalement le programme de Vichy ! ça c’est moderne !

Mais tellement dangereux…

CDD contraint et forcé

Les contrats à durée déterminée sont aujourd’hui deux fois plus nombreux qu’il y a vingt ans. Ils concernent 10 % des salariés du privé (en dehors des contrats aidés). Selon le ministère de l’Emploi, la moitié d’entre eux ont accepté un contrat court soit car « ils ne trouvaient pas mieux et avaient besoin d’un revenu rapidement », soit pour « éviter une coupure dans la vie professionnelle ». Près de 80 % estiment que leur contrat augmente leur risque de chômage. À juste titre puisque près d’un salarié sur cinq recruté en CDD en mars 2001 était au chômage l’année suivante, contre trois sur cent des CDI embauchés la même année [2].

L’emploi des “seniors”

Seulement 38 % des quinquagénaires ont un emploi en France. Un sondage publié le 20 mars à l’occasion des Assises pour l’emploi des seniors révèle que cette question est jugée peu ou pas importante par les chefs d’entreprises interrogés lors de ces Assises. Pire. 58 % des recruteurs admettent tenir compte de l’âge des candidats à un poste et 50 % des dirigeants estiment qu’un salarié est âgé à 45 ans. Le seuil est même à 35 ans d’après 5 % des sondés.

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[1] Réflexions d’un Français moyen, n° 125, décembre 1968.

[2] 20 minutes, 21/03/2007.

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Actualité

Querelles d’impuissants

par M.-L. DUBOIN
30 avril 2007

Comment s’étonner qu’un mois avant l’élection présidentielle, plus de la moitié des électeurs ne sachent pas pour qui ils voteront, ou pensent qu’il y a bien des chances qu’ils changent d’avis ?

La vérité est que les Français, dans leur grande majorité, ne font plus confiance aux promesses des politiciens et qu’ils sont déboussolés. Ils voient que les candidats en mesure d’être élus n’ont pas la moindre idée de ce qui les inquiète ni des problèmes qui les touchent, qu’ils vivent dans un autre monde qu’eux et leur donnent l’impression de n’avoir pas les pieds sur terre.

Les électeurs sont déboussolés pour la simple raison que les gouvernements de gauche et de droite qui se sont succédés depuis des dizaines d’années leur paraissent avoir mené la même politique, avec seulement des nuances dans la forme. Ayant, avec succès, contribué à la croissance, ils croyaient en recevoir leur part, comme promis… et force leur est de constater que toute activité n’a désormais qu’un seul but : enrichir encore plus les riches. Ils viennent d’apprendre que les entreprises cotées à la Bourse de Paris ont fait près de 100 milliards d’euros de bénéfices en 2006, soit une hausse de 10,5 % par rapport à 2005 et que l’accroissement de la valeur de ces entreprises est presque le double de celui de leurs bénéfices. Alors qu’eux-mêmes y ont tous perdu quelque chose, et surtout tout espoir d’amélioration.

Comment “celui qui croyait en la gauche et celui qui croyait en la droite“ pourraient-ils avoir gardé confiance ?


“La France d’après”, comme l’imagine l’UMP.
Cette photo édifiante a été prise par un inconnu le 15 février, rue La Boétie dans le 8° arrondissement de Paris, en face du siège de la fédération de Paris de l’UMP… Le malheur pour le candidat UMP, car elle illustre malgré lui son programme, est qu’en face de son siège se trouve celui de la société Alcatel qui, ce jour-là, annonçait la suppression de 4.500 emplois…

Cette double déception est une aubaine pour deux candidats : Le Pen et Bayrou en profitent pour tenter de ramasser les déçus des “partis de gouvernement” et de faire passer leur slogan “sortez les sortants !”pour un programme. Comme on les connait tous les deux, pour les avoir vus à l’œuvre, ils affirment qu’un miracle les a changés. Leur opportunisme ne devrait pourtant tromper personne…

Restent ceux que les journalistes et les sondeurs désignent comme les “petits candidats”. Plusieurs d’entre eux font de bonnes analyses et avancent des principes que tout le monde devrait suivre : meilleur partage des richesses, respect des droits humains et de l’environnement. La campagne va enfin permettre de les écouter, et on verra s’il y en a au moins un(e) qui s’en prend aux mécanismes financiers qui sont à l’origine de l’impuissance des élus à faire passer de telles bonnes intentions.

Mais au moment de voter, beaucoup d’électeurs, mis en condition par le 21 avril 2002, vont craindre de n’avoir à choisir au second tour qu’entre une droite pire que la précédente (la photo ci-dessous, prise sur le vif, en donne une idée) et l’extrême droite, toujours aussi raciste et chauvine ; ils vont donc se résigner à voter pour Ségolène.

S’ils sont sans illusion, ils pourront toujours se dire que ça va changer au moins sur un point, puisqu’il n’y a encore jamais eu une femme Présidente de la République Française !

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Lectures : où est le pouvoir qu’on croit confier à nos élus ?

L’expertise d’un spécialiste

par M.-L. DUBOIN
30 avril 2007

En écrivant “Mais où va l’argent ?”, j’ai découvert et tenté de faire comprendre à quel point la démocratie est bafouée par le pouvoir financier. Quelle belle confirmation m’apporte François Morin dans son livre “Le nouveau mur de l’argent – essai sur la finance globalisée”, paru aux éditions du Seuil ! Et il s’agit en plus d’un travail de spécialiste puisque cet auteur est Professeur de sciences économiques à l’Université de Toulouse I, et qu’il publie depuis 1974 des études telles que “La structure financière du capitalisme français”, ou “Le Cœur financier européen”. Il se place maintenant à l’échelle mondiale pour décrire comment les grandes banques internationales opposent aux responsables politiques un véritable mur, ce “nouveau mur de l’argent”, pire que celui des années 1930.

Et il en décrit l’architecture :

À la base, les fondateurs, les théoriciens qui entendent libérer la finance des tutelles publiques et limiter le rôle des États à celui d’éviter l’inflation qui leur fait du tort. Grâce en particulier aux recommandations du FMI, et en agissant par étapes (marché des changes, marché obligataire, marché des produits dérivés, puis extension aux pays en développement) il ne leur a fallu que 25 ans (1970-1995) pour réussir à l’échelle de toute la planète.

La hauteur de ce mur est maintenant “phénoménale” : l’ampleur des flux monétaires qui circulent dans la sphère financière amène à employer le mot téradollar, car ces flux, qui écrasent de leur énorme poids l’économie réelle, se mesurent maintenant en milliers de milliards de dollars, ou d’euros.

Notre expert montre alors à quoi est due l’expansion de ce mur, en citant l’exigence de taux de rentabilité à court terme allant jusqu’à 25 %, alors que la croissance de l’économie réelle tourne autour de 4 %, et il ne manque pas de souligner combien pareille exigence bouleverse le management des entreprises et transfère les risques sur le monde du travail, dont elle modifie l’organisation, dès lors que le seul critère est désormais la performance financière.

Ces risques entraînent pour les sociétés des besoins de ”couverture“, d’où l’extension sans précédent des marchés des produits dérivés dont “l’encours” a été multiplié par 25 au cours des dix dernières années, dont celui des marchés non réglementés qui s’est même accru au rythme de 20 % par semestre !

Ancien membre du Conseil Général de la Banque de France et du Conseil d’analyse économique, François Morin a accès aux données qui sont déterminantes en ce domaine et qu’il maîtrise parfaitement. Ce qui lui permet, en s’appuyant en particulier sur celles de la Banque des règlements internationaux, de montrer le rôle devenu dominant des contrats “swaps”, qui sont des contrats de crédits croisés, auxquels un “taux swap” est attaché. En spécialiste, il explique avec clarté ce commerce extrêmement complexe, mais il n’est pas question d’entrer ici dans ces détails. Ce qui est important à retenir, c’est que, contrairement aux échanges en Bourse, où il existe des organismes de contrôle, ces contrats et ces taux swaps, qui se multiplient, restent confidentiels, ce sont les grandes banques internationales qui en négocient les taux. Et le résultat final est que ces dernières sont ainsi parvenues à imposer ces taux comme taux de référence des marchés à l’échelle planétaire. En d’autres termes, ces taux qui étaient autrefois sous l’influence des “autorités monétaires” (les Banques centrales) sont passés au pouvoir « d’un oligopole extrêmement puissant qui s’est installé au poste de commande du financement de l’économie mondiale. Ce pouvoir-là est tellement incommensurable qu’il justifie ici, et à lui seul, l’appellation de “nouveau mur de l’argent“ dont les pouvoirs grandissants ne peuvent qu’impressionner et inquiéter. Le poids de ce mur écrase aujourd’hui l’économie réelle par les prélèvements exorbitants qu’il opère ». Et l’extrême volatilité des taux qui en résulte exerce sur le financement des entreprises un poids qui s’ajoute à la pression qu’elles subissent en raison de la financiarisation de leur gestion.

François Morin poursuit la description du mur de l’argent en décrivant le ciment qui le maintient. Ce ciment est très fragile et très instable depuis que les Banques centrales ont perdu, au profit d’acteurs privés, leur fonction de régulation et qu’elles n’ont plus d’influence, même indirecte, sur les taux directeurs. D’où, au passage, une première conclusion : la revendication démocratique contestant l’indépendance des Banques centrales vis à vis du pouvoir politique est déjà dépassée !

Après avoir énuméré les lignes de faille de ce capitalisme de marché financier, qui aggrave inévitablement les dérives spéculatives, dont il donne quelques exemples notoires, notre auteur présente le maître de l’ouvrage, à savoir l’ensemble formé des institutions internationales, des banquiers centraux, et des investisseurs et autres intermédiaires. Il décrit le jeu de ces acteurs, en n’hésitant pas à chiffrer leurs profits respectifs et leurs moyens. Il montre que c’est une banque détenue par les grandes banques internationales, la CLS Bank, qui règle les opérations de change. Et il insiste sur le fait que l’ensemble décrit plus haut sous le nom de maître d’œuvre, dispose d’un système de communications privées qui lui est réservé : la société Swift. Cette “Société pour la communication financière interbancaire mondiale” assure à ce maître d’œuvre, outre la technique informatique la plus performante, toute la sécurité qu’il souhaite et, bien entendu, le secret. Le nombre de banques membres de cette société Swift à l’origine, en 1973, était 239, dans 15 pays, il est passé depuis à plus de 7.500 dans 199 pays. Près de 10 millions de messages, correspondant à des transactions évaluées à la bagatelle de 6.000 milliards de dollars, y sont échangés chaque jour, sans qu’aucune institution internationale soit en mesure de fixer des règles à ce marché.

Faut-il laisser faire ou faire front ? À cette question qu’il pose, François Morin répond évidemment en économiste : il souhaite que se recomposent au niveau international des instances politiques qui permettraient de piloter la mondialisation, et il cite les nouvelles régulations qui lui semblent nécessaires.

…Mais qui sont aussi difficiles à faire comprendre, puis à obtenir, que ce que nous proposons…

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Lectures : où est le pouvoir qu’on croit confier à nos élus ?

Une enquête sur la dette

30 avril 2007

Si la dette des pays du Tiers Monde constitue un “sacré” pactole pour ses créanciers, elle pèse comme une chape de plomb sur les peuples du Tiers monde. Mais la dette, c’est aussi une histoire... des histoires, très compliquées, enchevêtrées, pas toujours claires, bien souvent peu recommandables...

Qu’est devenu l’argent de tel emprunt ? À quelles conditions a-t-il été conclu ? Quelle part a été détournée ? Quels crimes ont été commis grâce à lui ? Etc.

Un audit de la dette sert à répondre à ces questions et à bien d’autres. Il permet de clarifier le passé, de démêler son écheveau, fil par fil, jusqu’à reconstruire la pelote des enchaînements qui ont conduit à l’impasse actuelle. Et il permet aussi d’éviter que le passé ne se répète.

Voici un petit guide [1], qui veut servir d’appui à de telles entreprises et d’instrument d’éducation populaire destiné aux mouvements sociaux, réseaux citoyens, parlementaires, juristes, économistes et autres révolté(e)s.

Ce manuel est le résultat d’une initiative conjointement menée par de nombreuses associations, à travers le monde. Il a été élaboré sur la base de deux séminaires réunissant des expert(e)s et des militan(e)s de la dette des pays du Tiers Monde.

Ces organisations espèrent que des audits de la dette soient mis promptement en route dans différents pays pour que la lumière soit enfin faite sur la dette !

« Nous nous engageons à travailler avec entrain pour changer les politiques des gouvernements du Sud qui devraient répudier toutes les dettes réclamées à nos pays. À cet égard, nous considérons la mise en œuvre des audits sur la dette comme un pas décisif. »

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[1] Résistances & alternatives contre la dette,
La Havane, 28 septembre 2005.

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Réflexions

Comme le démontrent Laurence Baranski et Jacques Robin dans leur dernier livre, déjà analysé dans nos colonnes, il y a urgence de procéder à des changements complets. Il ne s’agit plus de se contenter de beaux discours électoraux, dont G-H Brissé dénonce encore une fois l’inutilité et les dangers :

Raisons d’espérer ou de désespérer

par G.-H. BRISSÉ
30 avril 2007

Voici venu le temps des doléances. À quelques encablures de la ligne de départ d’un marathon électoral que l’on considère comme crucial pour l’avenir de ce pays, ne serait-ce que parce qu’il révèle la montée d’une nouvelle génération politique, chaque catégorie sociale fait valoir ses revendications, souvent justifiées : des viticulteurs aux maraîchers, des marins aux chasseurs, des chasseurs d’escargots aux chercheurs de champignons, chacun interpelle les candidats à la magistrature suprême. Et eux de répondre par de sublimes promesses et des discours ronflants aux souhaits formulés, qui s’empilent les uns sur les autres, tels des produits présentés par un catalogue de vente par correspondance.

Telle formation politique va engluer de ses propres propositions une candidate aux velléités d’autonomie, tandis que les organisations syndicales frappent à la porte des futurs premiers magistrats potentiels de la France, histoire de démontrer qu’ils sont toujours bien là et qu’il faudra compter avec eux en dépit d’effectifs de militants qui partent en quenouille.

La dictature des marchés
... bis repetita.

Pendant ce temps, dans l’ombre, les puissances financières s’agitent, font et défont les pouvoirs politiques en place. Leurs profits, estimés à 95 milliards d’euros en 2006, en hausse de 18 % par rapport à l’année précédente, croissent avec les délocalisations d’entreprises et le nombre de licenciements enregistrés ici ou là.

Une entreprise comme EADS-Airbus, qui ploie sous les commandes, n’hésite pas à se délester au niveau européen de quelque 10.000 salariés !

L’an dernier, les sociétés du CAC 40, qui constituent les principales références boursières, ont versé à leurs actionnaires des dividendes de l’ordre de 32 milliards d’euros, ce qui représente 40 % de leurs profits ! À titre de comparaison, ce taux atteignait à peine 7 % en 1987.

Au moment où j’écris ces lignes, le 10 mars, l’indice du CAC 40 vient de chuter. Ce qui n’empêche que ses gains accumulés depuis le début de l’année représentent encore une augmentation de 14 % sur les huit derniers mois. Assiste-t-on à l’amorce d’un krach ? Voire même d’une récession aux États-Unis d’Amérique, comme le clame à qui veut bien l’entendre Mr. Alan Greenspan, l’ex grand manitou de la Banque Fédérale américaine ? Que nenni ! Tout au plus s’agit-il d’une “correction”. C’est du moins ce que nous annoncent nos experts ès-sciences économiques !

Que s’est-il réellement passé ? La Bourse de Shangaï (en Chine, la patrie de Mao !) avait enregistré un dérapage de 130 %. Des rumeurs d’instauration, par le gouvernement central, d’une fiscalité sur les plus-values pour calmer cette surchauffe ont amené les hedge funds, les fonds spéculatifs internationaux dont nous avons déjà dénoncé les effets corrosifs, à retirer leurs mises sur la Bourse de Shangaï.

L’effet domino a engendré des fluctuations erratiques sur les marchés mondiaux, qui devraient demeurer quelque peu volatiles, mais pas au point de provoquer un krach !

S’y ajoutent d’autres phénomènes que nous avons déjà dénoncés, tels les hausses inconsidérées observées sur les marchés de certaines matières premières, ou le rythme de plus en plus élevé des fusions-acquisitions d’entreprises.

Les corrections boursières peuvent être sciemment provoquées, d’autres relèvent de certains mouvements de panique. Mais malgré les outils de gestion informatique, de plus en plus affinés, dont les milieux boursiers peuvent aujourd’hui disposer, l’économie mondiale est toujours à la merci d’une crise majeure dont, telle une explosion nucléaire, ni l’ampleur, ni les retombées ne sont maîtrisables.

Une mesure de prudence qui s’impose

C’est pourquoi, par delà les évolutions techniques qui nous permettent de produire toujours plus et mieux et à un rythme accéléré, nous devrons être attentifs à légaliser la représentation de tous les acteurs de l’entreprise : salariés, fournisseurs en amont, clientèle en aval, au sein des conseils d’administration, des conseils de surveillance, aux côtés des actionnaires ; et à préserver les revenus de base de millions de consommateurs. L’objectif étant de réunir toutes les conditions objectives pour accroître le bien-être des citoyens, de tous les citoyens sans exclusives, et non pas, à l’inverse, de précipiter l’avènement d’un régime de pénurie, de prévarication et de délation.

Osons ce constat : ces mouvements boursiers erratiques peuvent à tout instant réduire à néant notre pouvoir d’achat.

La voie des SEL : à suivre

L’organisation des SEL (Servies d’Échanges Locaux) nous montre la voie à suivre sur une échelle plus large. Il suffit d’en avoir la volonté politique. L’exemple des Länder allemands, qui ont créé des dizaines de monnaies locales non thésaurisables, dont nous avons déjà rendu compte, est à méditer. L‘étalon monétaire, créé de toutes pièces pour servir de repère à un système d’échanges ciblés et encadrés par la loi, peut tout aussi bien s’appliquer à des transactions plus importantes en volume.

Il faut qu’un Syndicat National d’Usagers et de Consommateurs (SNUC) soit créé par des délégués d’organisations de consommateurs, d’associations écologistes, d’ONG à vocation humanitaire, de banques alimentaires, d’épiceries sociales, etc. Que le rôle essentiel de ce syndicat soit d’initier et de gérer le revenu social garanti. Et que ce revenu soit basé sur des produits ou services préalablement ciblés et mis à la dispositions de tous, en échange d’une activité, d’un service rendu à la société tout entière.

Ce revenu social garanti doit constituer le socle d’un revenu inoxydable, qui soit la référence d’un acte de solidarité concrète.

En effet, si la pénurie généralisée s’installe, si la société continue à se désagrèger, si les liens d’entraide n’ont plus de raison d’être, si les petits trafics, le marché noir, les activités clandestines se substituent à la nécessaire solidarité nationale, pensée et vécue par tous comme telle, alors il n’y a plus qu’à désespérer de l’avenir. Comme y sont condamnés aujourd’hui des individus livrés à eux-mêmes, sans foi ni loi, conscients de leurs droits mais ignorants de leurs devoirs envers la société au sein de laquelle ils évoluent.

Le revenu social garanti ne peut avoir aucun effet de substitution : il s’appuie sur une monnaie fondante, dont la valeur diminue jusqu’à épuisement au fur et à mesure de son utilisation, au prorata des produits ou services disponibles.

Il peut se produire un krach boursier majeur, la machine économique continuera à fonctionner sur la base de la monnaie de consommation génératrice de bien-être pour tous !

Au-delà des aboiements … démagogiques

Une batterie de réformes monétaires, fiscales et foncières à la hauteur des changements intervenus depuis plus d’un demi siècle s’impose donc et devrait être inscrite dans l’urgence au registre des préoccupations prioritaires de ceux qui aspirent à se hisser aux plus hautes fonctions de l’État.

Ignorer ces changements nécessaires, c’est se préparer à coup sûr, à affronter des révolutions futures, hélas imprévisibles et peu maîtrisables dont nous n’avons subi que les prémices.

Nous ne disposons que de moyens de pression rudimentaires et nous répugnons à utiliser de tels procédés, accordant notre préférence à la persuasion. N’exigeons donc pas des candidats la mise en application immédiate de ces projets de réformes. Mais des objectifs clairement affichés doivent déboucher sur des études de faisabilité concrète, de simulations dans différents domaines, par delà les discours incantatoires et les aboiements à vocation démagogique.

Se fixer un idéal, affiner un programme dont l’application s’avère fiable, présenter aux suffrages des électeurs une équipe de gouvemement (ou de contre-gouvernement, selon une proposition que j’ai faite dès 1963), pour le mettre en œuvre : voilà bien un chantier ouvert sur l’avenir !

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Une autre façon de se faire entendre

Le texte ci-dessous émane d’un lecteur de Reims. Il regrette de ne pouvoir joindre ici la musique qui va avec, et qui en fait du “rap à sa façon” :

Rap à moi

par Michelec
30 avril 2007
Dans ce monde qui est fou,
Dans ce monde qui s’en fout,
Je me bats pour que recule,
Ce système sans scrupule.

Qui fait du progrès technique
Le moteur de la panique,
Soufflant la précarité,
Mère de la servilité.

On nous offre de vivre en roi,
Sans assurer nos fins de mois.
Ligotons les gens d’crédits
Ils seront assujettis…

Dans ce monde de gaspillage,
Où même les hommes sont jetés,
Où l’emploi est l’apanage
Des catégories bien nées,

Beaucoup moins d’argent circule,
Et ça me pose scrupule,
Devant un monde qui déborde
D’offres commerciales sans bornes.

De ce monde d’injustices,
Qui refuse l’élémentaire,
À la moitié de la terre,
Il faut changer de motrice.

Transformer le “P. I. B.”
Pilotant la terre entière,
En comptant d’une manière
Beaucoup moins inadaptée.

La masse d’euros fabriqués
S’y trouve comme aspirés
Flattant une minorité…
Ainsi l’travail est bafoué !

Cet arbitraire financier,
Nous construit un monde glacé.
Et par sa loi des marchés,
Détruit nos fraternités.

De nos jours on n’arrête pas
Une guerre par manque d’argent,
J’ai même appris d’la dernière
Que ça r’lançait les affaires.

On pourrait d’la même manière
Faire la guerre à la misère,
Ce serait une bonne relance,
Et pour tous une nouvelle chance.

Car ce monde vraiment étrange,
Qui fait rimer la croissance
Avec la désespérance
Nous voudrions bien qu’il change.

Si ce monde tourne à l’envers,
C’est par ses calculs pervers.
Ce n’est plus le bien commun
Qui conduit notre destin.

L’internationale finance
Veut ruiner la notion France,
Seule gravant sur ses frontons,
Trois graines de contradiction.

De voir des vieux qui se taisent,
Sur ce thème m’met mal à l’aise ;
Quant aux jeunes qui s’écrasent...
Alors là, vraiment, j’enrage !

Dans ce monde d’écartelés,
Dans ce monde trop pollué,
Si nous crions : Résistance,
Que ce soit avec bon sens !

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Réflexions

Quand, à grands renforts de publicité, une multinationale essaye de dissimuler la nocivité des produits qu’elle fabrique ou commercialise, celà n’aurait rien à voir avec la recherche d’un profit le plus élevé possible et au plus tôt ?

Encore un exemple piqué au passage :

Pesticides et publicité mensongère

par C. ECKERT
30 avril 2007

« Le tribunal de Lyon vient de condamner le géant de l’agrochimie Monsanto pour publicité mensongère ». (Eliane Patricia, Libération du 27-01-07)

C’est la victoire de David contre Goliath ! Monsanto, le mastodonte de l’agrochimie, dont le siège français se trouve à Bron, dans la banlieue lyonnaise, était poursuivi pour publicité mensongère autour du Roundup, le désherbant le plus vendu au monde, par l’association Eaux et Rivières de Bretagne (ERB)… et Monsanto Agriculture France a été condamné à payer une amende de 15.000 euros.

Le distributeur du Roundup, la société Scotts France, poursuivie pour les mêmes faits, a aussi été condamné à une amende de 15.000 euros.

Le tribunal correctionnel a également ordonné la publication du jugement dans le quotidien Le Monde et dans Maison et Jardin Revue.

Scandalisée par la campagne publicitaire déployée par Monsanto, ERB a déposé sa plainte dès 2001.

Leader en France de la vente de pesticides aux particuliers, l’agrochimiste a bâti le succès de sa gamme phare sur une image “écolo”. Qualifié, dans les publicités, de “biodégradable”, le Roundup (une dénomination générique pour une gamme de produits) était aussi censé « respecter l’environnement », « laisser le sol propre ».

Glyphosate.

« En 2000, Monsanto s’est payé une grosse campagne de pub à la télé pour le Roundup. Nous, on venait d’obtenir les résultats d’études qui montraient la présence massive de glyphosate, la matière active du Roundup, dans les rivières bretonnes » [1], se souvient Gilles Huet, délégué de l’association. Or le glyphosate est un produit dangereux pour l’environnement et la santé, dont la présence dans l’eau et les aliments est réglementée par de multiples textes français et européens. Il a été classé en 2001 par la Commission européenne comme « toxique pour les organismes aquatiques » et pouvant « entrainer des effets néfastes à long terme pour l’environnement ».

« Avec ses pubs mensongères, Monsanto a favorisé la banalisation de l’usage de ce pesticide, le plus vendu aux jardiniers amateurs », déplore ERB. Une banalisation qui se traduit, selon l’association, par le fort taux de pollution des eaux françaises : les deux molécules chimiques issues du Roundup sont détectées respectivement dans 55 % et 35 % des eaux superficielles [2].

Aux États-Unis, à la suite d’une procédure judiciaire menée dans l’État de New York, Monsanto avait dù cesser, dès 1996, ce type de publicité sur le territoire américain. Mais en France, ce n’est que depuis 2003 que les produits Roundup ne sont plus porteurs de ces qualifications fallacieuses.

Depuis 2001, la toxicité du Roundup pour l’environnement et la santé a été confirmée par de nouvelles études scientifiques. « L’équipe du Pr. Robert Belle, du CNRS de Roscoff, a mis en évidence le caractère potentiellement cancerigène de l’herbicide1, précise Jean-Paul Guyomarc’h, responsable du dossier pour ERB. Celle de Gilles-Eric Seralini, Professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen, montre que le Roundup est aussi un perturbateur endocrinien. »

Le procès a été reporté deux fois. Mais dans son jugement, le tribunal correctionnel de Lyon a enfin estimé que « l’utilisation combinée sur les étiquettes et emballages des termes et expressions « biodégradable », « laisse le sol propre », etc., [...] pouvait laisser faussement croire au consommateur à l’innocuité totale et immédiate desdits produits par suite d’une dégradation biologique rapide après usage [...] alors qu’ils peuvent au contraire demeurer durablement dans le sol, sous la forme de glyphosate et de son adjuvant, voire se répandre dans les eaux souterraines ».

« Confiance ».

Plus gênant encore pour Monsanto, la justice a considéré que l’industriel savait parfaitement, et « préalablement à la diffusion des messages publicitaires litigieux, que les produits visés présentaient un caractère écotoxique ».

Et pourtant, pour le porte-parole de Monsanto France, Yann Fichet, ce jugement « ne remet pas en cause l’utilite des produits de la gamme Roundup ». « Il existe une relation de confiance entre nos produits et ses utilisateurs, et nous pensons que les consommateurs continueront à utiliser le Roundup », ajoutait-il avec confiance. Et Monsanto étudie la possibilité de faire appel…

Au contraire, pour Eaux et Rivières de Bretagne « cette condamnation met fin au mensonge de la firme, remet les pendules a l’heure » et « constitue une excellente nouvelle pour la protection de l’eau ». D’ailleurs, rappelle ERB, l’article 36 de la loi sur l’eau adoptée le 30 décembre dernier prohibe « les publicités pouvant donner une image exagérément sécurisante ou de nature à banaliser l’utilisation des pesticides ».

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[1] Libération, des 29/10 et 5 /11/2004.

[2] Dernier rapport de l’Institut francais de l’environnement.

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Tribune libre

Un sociologue qui prépare un doctorat à l’Université de Nancy II, nous a envoyé pour publication un appel à l’autorité pour imposer les contraintes jugées nécessaires. Voici son cri d’alarme :

Pour une révolution écologique

par A. OTHELET
30 avril 2007

Il est évident que les avantages des habitants des pays riches, au regard de la situation économique et sociale des autres, conduisent à penser que les sociétés développées ne sont pas prêtes à une révolution écologique.

Comme l’affirmait le sociologue Michel Crozier, nous sommes dans une société bloquée. Une société marquée par ses contradictions et ses paradoxes, dans un monde où l’humain donne ce sentiment qu’il est arrivé à stabiliser la situation pour une bonne part des habitants de la planète.

Dans ce contexte, il ne faut pas toucher aux acquis. On connaît particulièrement bien cette phrase en France. Le vent des libertés individuelles est passé par là.

Or je pense que s’il y a bien encore une révolution qui peut et qui doit se faire, c’est bien celle portant sur la question écologique.

Tous les experts scientifiques le disent, il faut mettre un grand coup de frein à l’accélérateur du modèle de développement que les pays riches connaissent. Coup de frein inévitable car c’est bien de la survie de l’espèce humaine sur notre planète qui est en question. La nécessité de se préoccuper d’écologie doit surpasser toutes les autres, y compris celles du chantage à l’emploi. Nulle part sur la planète, le choix doit être entre un salaire ou bien la protection d’espaces naturels.

Quand il sera trop tard, l’espèce humaine ne se posera plus aucune autre question que celle de sa survie animale.

Il est possible d’agir à tous les niveaux, du local au mondial. Mais pour cela il faut que les dirigeants de ce monde, au même titre que nos politiques nationaux, en aient le courage et s’attaquent véritablement aux causes du problème.

Quand on voit que le principe “pollueur-payeur” est repris dans son programme des élections présidentielles de 2007 par le PS, alors qu’il n’a jamais osé, pour une raison purement électoraliste, le réaliser durant sa période de gouvernance, c’est de lui qu’il faut exiger qu’il ait le courage d’agir !

Quand, dans certains pays d’Amérique Latine par exemple, des multinationales se conduisent sans respecter des populations locales, c’est aux instances internationales qu’il faut réclamer le courage d’agir.

Lorsqu’en dépit de toutes les actions et tous les discours tenus sur le respect de l’environnement, on constate que de nombreux citoyens n’en tiennent absolument pas compte, c’est à eux qu’il faut demander d’avoir le courage d’agir. Et ce courage de l’action devrait pouvoir se matérialiser par l’introduction d’une contrainte forte. L’enjeu est tel qu’il n’y a pas d’alternative que d’imposer à l’individu de modifier son comportement.

Il s’agit bien de révolutionner les mentalités en agissant sur les libertés individuelles.

Si on veut éviter qu’une bonne partie de la population se radicalise toujours plus dans ce domaine, il est nécessaire que les politiques publiques interfèrent et jouent véritablement leur rôle de médiateurs face à ce qui pourrait ressembler à une nouvelle lutte des classes et des générations.

Nous ne sommes plus très loin de cela, en effet, quand on voit se développer des groupes de jeunes qui s’attaquent aux 4x4 urbains des plus riches et des plus anciens. Nous nous rapprochons de cette lutte quand, supportant l’inconfort que nous fait subir la planète en réponse à nos actions néfastes pour elle, un certain nombre de citoyens s’affichent avec mépris dans leur confort.

Va-t-on indéfiniment laisser brûler 400 litres de gazole par moteur, pour une petite heure de balade, dans ces grands yachts somptueux qui sillonent les lieux paradisiaques ?

De même, laissera-t-on encore longtemps le droit à une star hollywoodienne de brûler, pour son seul plaisir, des milliers de litres de kérozène dans son boeing privé, garé dans son jardin, à l’heure où il est question de taxer davantage les avions de ligne du grand public ?

À l’instar d’Hervé Kempf, journaliste et écrivain, je pense que c’est la croissance matérielle qui accroît la dégradation de l’environnement. Or, effectivement, cette croissance matérielle est bien l’apanage des plus riches.

Si nous voulons laisser la chance aux futures générations de s’épanouir, tant dans leur relation à la nature que dans leurs relations humaines, c’est dès à présent qu’il faut anticiper une forme de décroissance.

Il faut sortir du schéma qui consiste à penser que les déséquilibres d’un coin de la planète permettent les équilibres de l’autre.

Il est temps de reposer la question centrale, à adapter, de Marx sur l’appropriation collective des ressources de la planète.

Il faut que nous devenions tous écologistes. L’union réelle de l’humanité, face à la puissance abstraite du capital, doit nous amener à ce mot d’ordre qui a résonné et pourrait résonner différemment demain : « écologistes et humanistes de tous pays, unissez-vous pour une révolution écologique ! »

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Tribune libre

Des sous, des sous !

par R. WINTERHALTER
30 avril 2007

« Tout cela est bien beau », mais... mais..., disent les gens sérieux, en s’appuyant sur leurs principes, ou sur leurs habitudes, « il faut de l’argent, des sous » pour “soutenir” les chômeurs, les exclus, les miséreux.

Certains poursuivent, en prenant un air supérieur : « Il faut d’abord créer des richesses, faire des bénéfices pour, ensuite, pouvoir répondre aux besoins des pauvres ».

Et ils poursuivent : « Certes, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » (c’est l’ex-camarade Rocard qui disait cela).

« Il y a des limites ».

« Car n’oublions pas que l’argent c’est le nerf de la guerre »,

etc., etc.

Et ils terminent leur litanie avec cette conclusion magistrale : « Enfin, voyons, soyons sérieux tout de même ».

Mais... en disant cela, et moi aussi je suis sérieux en disant cela, ils oublient de dire (ils ne le savent peut-être, pas ces pauvres gens…) :
- que rien, absolument rien, n’est trop beau pour celles et ceux qui n’ont rien,
- que le lien est plus important que le bien,
- que l’argent, le fric, doit être considéré comme un moyen d’échange et non de spéculation. Pour illustrer cela, sachez que si Joseph avait été un spéculateur et qu’il avait investi à la naissance de Jésus-Christ un seul petit pfennig (l’ancienne plus petite pièce de monnaie allemande) à 4%, il aurait pu acheter en 1446, une boule d’or équivalente au poids de la terre !
- et enfin qu’à l’occasion des guerres et des divers conflits armés (et il y en a beaucoup), des hommes d’État, les grands de ce monde, des personnes soi-disant sensés, distribuent gratuitement sur la tête de gens qui n’en demandent pas tant, des roquettes, des grenades, des bombes (parfois même atomiques) et, pour cela, comme par hasard, l’argent, ils savent où le trouver.

Alors, cherchez, braves gens, à qui profite le crime, vous trouverez !

Salü binander !

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Tribune libre

À propos de réformes fiscales : supprimer l’impôt sur le revenu

par G.-H. BRISSÉ
30 avril 2007

« Prôner la suppression de l’impôt sur le revenu n’est pas une idée farfelue. Le manque à gagner pourrait être remplacé par une augmentation de la TVA sur le luxe ». Qui a écrit ces lignes de gros bon sens qui rejoignent mes propres propositions formulées... depuis 1962 et déjà reprises entre-temps (en les déformant) par d’autres ?

— Il s’agit d’un certain Ricardo Uztarroz qui s’intitule « journaliste retraité résident à l’étranger et payant ses impôts en France » dans la rubrique “Rebonds” de Libération du 1er mars dernier.

Comme quoi certaines idées qui sont dans l’air du temps finissent par être partagées. Le chroniqueur cite à juste titre cette remarque : « l’impôt n’a jamais eu vocation à financer la protection sociale qui relève du mutualisme et du paritarisme, la solidarité relevant de la CSG et de la CRDS que personne n’entend remettre en cause ».

« L’impôt sur le revenu, précise-t-il, n’a répondu dans les faits à aucune exigence de solidarité… »

C’est le coût de la Grande Guerre, à partir de 1917, qui est à son origine, et non une quelconque volonté de justice. Et depuis 1985 le taux d’assujettis est de 50 %, avec l’inconvénient qu’il est supporté essentiellement par les classes moyennes salariées. À peine 18 % des contribuables sont réellement imposables sur lesquels 335.000, soit 1 %, sont assujettis à l’impôt sur la fortune.

L’impôt sur le revenu avec sa cohorte de “niches fiscales”, en croissance exponentielle, qui en limite le rendement, et que tout candidat à l’élection présidentielle devrait s’engager à supprimer sous sa forme actuelle, ne représente donc que 15 % des recettes de l’État et pose « la question cruciale de sa rentabilité, son recouvrement s’avérant fort onéreux ».

« En fin de course, ajoute notre auteur, que reste-t-il réellement pour l’État ? Voilà un exemple de gâchis national sur lequel devraient se pencher les experts de la Cour des Comptes. Il est temps vraiment de couper la tête à ce “nouveau credo rédempteur” ».

Dans un premier temps, pour faire face dans l’urgence au naufrage du niveau de vie des classes moyennes, les revenus modestes en diminution constante de pouvoir d’achat (retraités, salariés modestes en dessous des 4.000 euros mensuels énoncés par le Premier Secrétaire du PS) devraient être exemptés du paiement de l’impôt. Sans compter certains prélèvements obligatoires que l’on devrait adapter à leur niveau de ressources. Une hausse incontrôlée par les pouvoirs publics, et qui constitue un vrai scandale.

ll est temps de dépennaliser ce travail que l’on veut unaniment réhabiliter et promouvoir, en libérant ainsi du pouvoir d’achat sur les salaires et les petits revenus.

J’ai suggéré depuis longtemps que l’impôt sur le revenu soit remplacé très avantageusement par un prélèvement obligatoire universel de 0,1 à 1 % sur les transferts de fonds, les établissements bancaires et financiers (dont la candidate Ségolène Royal a par ailleurs dénoncé le comportement), étant chargés de cette collecte au profit du Budget national.

Ce qui paraît curieux, c’est l’espèce de silence complice autour de cette proposition de bon sens, qui concerne tous les revenus quels qu’ils soient, issus du capital aussi bien que du travail, conformément aux souhaits du Législateur dès la Libération.

Soyons persuadés qu’une simulation montrerait que cette méthode de recouvrement s’avèrerait la plus avantageuse et ferait de l’endettement de la France, à terme, rien d’autre qu’un mauvais souvenir !

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Tribune libre

À propos du supplément de revenu en E.D.

par C. ECKERT
30 avril 2007

Dans la GR 1073, François Chatel défend l’égalité des salaires dans le cadre du contrat civique. Outre des considérations générales sur le fait que les inégalités de salaire imposent à chacun de « se voir attribuer une valeur marchande », il expose très clairement les raisons pour lesquelles de telles inégalités n’auraient plus lieu d’être dans une société qui se voudrait évoluée. Le cas des surplus de revenu prétendument justifiés par un mérite individuel ou par « la détention de connaissances ou que qualités exceptionnelles » est particulièrement détaillé. Chaque lecteur est maintenant en mesure d’expliquer que ces compétences, étant le fruit d’un héritage, personnel ou collectif, ne donnent droit à aucune gratification.

Cependant cette argumentation ne vaut à mon sens que pour une seule catégorie d’activités, celles qui sont par elles-mêmes intéressantes et enrichissantes, comme le montrent les nombreuses références à la création, à l’invention ou au cerveau, pour citer quelques exemples. Si, dans le système actuel, ces tâches sont certes celles qui sont le mieux rémunérées, il est probable les personnes qui les remplissent ne voudraient pas en changer même si cela ne leur apportait « que » l’allocation de base.

Il en va tout autrement des activités moins valorisantes, toutes celles qui sont nécessaires au bon fonctionnement de la société mais, si elles ne demandent aucune créativité et pas même d’utiliser son cerveau, n’apportent en revanche aucune satisfaction à celles et ceux qui les exercent. Aujourd’hui on trouve des personnes qui acceptent de s’en accomoder car, pour des raisons diverses, elles ne peuvent prétendre à un emploi plus attrayant et doivent néanmoins travailler pour gagner de quoi vivre. Dans le cadre du contrat civique, au contraire, chacun perçoit un revenu indépendamment de la fonction qu’il occupe dans la société et propose en parallèle d’assumer certaines de ces fonctions. Chacun serait alors tenté de proposer quelque chose qui l’intéresse et il y aurait certainement peu de volontaires pour accomplir les travaux ennuyeux ou pénibles. D’aucuns consentiraient peut-être à réaliser ces travaux en échange d’une prime en monnaie sonnante et trébuchante. La question que je me pose est donc de savoir quels arguments pourraient être opposés à ces personnes pour qu’elles renoncent à leurs prétentions.

La seule réponse que je vois est celle qui consiste à intégrer un service civique dans le contrat civique, comme le propose me semble-t-il Marie-Louise Duboin, ce qui reviendrait à ce que chacun passe une période donnée de sa vie à s’acquitter de besognes ingrates. Mais il y a peut-être d’autres manières de procéder, aussi je compte sur celles et ceux qui auraient des idées sur ce sujet pour les faire connaître.

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Les deux conférences-débats annoncées dans nos derniers numéros, avec la parution du livre de Marie-Louise Duboin, ont eu lieu en mars, à Vaulx-en-Velin le 7 et à Tonnay-Charente le 16.

Dans les deux cas, c’est un courageux lecteur qui a pris sur place l’initiative de ces réunions, qui s’est démené avec peu de moyens pour trouver une salle et pour publier largement des annonces.

Dans les deux cas, ces personnes capables d’initiatives ont été à la fois déçues de constater que la plupart des amis qui leur avaient promis de venir leur ont fait faux bond, et heureusement surprises de voir venir des personnes inattendues mais intéresssées, heureuses de découvrir des choses qu’elles ne insoupçonnaient pas et qui les ont fait réfléchir.

Dans les deux cas, la qualité du public remplaçant le nombre, l’intérêt des débats n’en a été que plus grand et l’on s’est quitté avec l’intention d’aller plus loin ensemble. Voici le témoignage que l’un d’eux a bien voulu exposer ici :

Aux abonnés absents

par S. BAGU
30 avril 2007

Grâce à deux annonces successives dans la Grande Relève, de la conférence-débat organisée à Vaulx-en-Velin le 7 mars, je croyais y voir venir des abonnés de la région Rhône-Alpes. Pensant que ceux qui habitent à moins de 100 km de Lyon feraient le déplacement, j’espérais qu’ils seraient nombreux à venir témoigner par leur présence leur sympathie à Marie-Louise Duboin et l’encourager dans sa croisade pour éveiller l’esprit critique de nos compatriotes. Je me faisais une joie de les connaître. Quelle déception ! Nous n’étions, hélas, que deux abonnés du coin, mon ami Azzedine, qui a découvert Jacques Duboin au printemps 2006, et moi-même, abonné depuis 20 ans. Or la distance n’est pas la cause de cette désaffection, car on a eu la très grande joie de recevoir un jeune couple de lecteurs venu exprès de la Nièvre. Un aller-retour comme ça, dans une soirée, chapeau ! Un grand merci donc à Jean-Pierre P... et à son épouse. Quant aux quelques fidèles qui ne se sont pas sentis capables de faire le déplacement parce qu’atteints par des affections dues à l’âge, je les comprends parfaitement. Mais aux autres abonnés absents, j’exprime ici clairement mon amertume, car Marie-Louise, avec Jean-Pierre, pourraient se contenter de passer une retraite paisible et méritée en cultivant leur jardin ! Vous vous êtes peut-être dit : « ça ne sert à rien d’aller l’écouter puisque nous sommes déjà convaincus »… Certes, l’excuse est valable, mais je la refuse pour plusieurs raisons :
- Ce n’est tout de même pas souvent que l’occasion nous est donnée de la rencontrer et cette démarche l’aurait confortée dans le bien fondé de son combat. Nous aurions pu prouver au public venu s’informer que le réseau se réclamant de Jacques Duboin est assez étoffé, même si les médias nous ignorent.
- Leur but aurait pu être d’amener des amis, des relations, pour leur faire découvrir l’économie distributive, même en ayant la sagesse de se dire qu’on n’en fera peut-être pas un néophyte dans l’immédiat, ou même jamais. Mais c’était l’occasion d’entreprendre la démarche. Pour ma part j’ai marqué sept essais en amenant sept personnes de mon entourage et j’espère bien en transformer la moitié dans les mois qui viennent.
- Après le débat, nous aurions pu envisager des actions communes, échanger nos adresses autour du pot abondamment garni qui fut offert ensuite. Vaulx-en-Velin est une ville bien vivante, loin de l’image triste d’une banlieue-dortoir. Grâce à la quarantaine d’ethnies qui la composent, il y a un bouillonnement culturel intense qui étonne toujours le visiteur et Marie-Louise en témoigne, et elle est prête à revenir. Alors, cher(ère)s abonné(es), la prochaine fois venez sans hésitation, vous serez accueillis à bras ouverts.

J’ai sous les yeux “le coup de gueule” de M.G., de Pléven, paru dans la GR 1074 de mars, dans lequel il reproche aux rédacteurs de notre cher mensuel d’avoir la dent trop dure avec nos compatriotes. Il écrit, je le cite : « [...] Je crois que beaucoup de gens résistent au système actuel, il faudrait aussi le dire, et ne pas tomber toujours dans le pessimisme et la sinistrose ». Ce courrier tombe bien car l’expérience que je viens de vivre avec Azzedine le 7 mars prouve au contraire l’inertie, la démission de ceux dont on pourrait espérer qu’ils résistent au système actuel. En effet, j’avais personnellement expédié, trois semaines avant l’évènement, un tract assez explicite (avec la fameuse citation de Victor Hugo que tous les abonnés connaissent) aux organisations humanitaires suivantes, qui toutes ont un siège à Lyon :
- Ligue des Droits de L’Homme,
- Emmaus,
- Attac,
- Action pour la Dignité Humaine,
- Armée du Salut,
- Solidarités nouvelles face au chômage,
- Les Amis de la Rue,
- Les Restos du Cœur de Lyon,
- Les Restos du Cœur de Vaulx-en-Velin ;

eh bien nous n’avons vu venir per-son-ne de ces associations, pas une d’entre elles n’avait envoyé quelqu’un, aussi incroyable que cela puisse paraître !

Vu ce résultat j’ai un peu culpabilisé, parce qu’au moment de glisser le tract dans l’enveloppe j’avais pensé ajouter un petit mot personnel, puis j’y ai renoncé en me disant que le tract était clair et bien fait (impression confirmée par beaucoup) et que ces gens-là étaient tout de même concernés au premier chef et que par conséquent ils viendraient, et de bon cœur. Naïf que je suis !

Même topo pour l’ami Azzedine qui connaît l’élite intellectuelle vaudaise de gauche comme personne. N’avait-il pas en mars 2006 réuni plus de 300 personnes pour la sortie de son livre Zone Utopique en Péril ? Fort de sa notoriété, il pensait attirer du monde le 7 mars. Mis à part un représentant des Verts, que je remercie au passage, tous ces gens qui pensent détenir la vérité ont brillé par leur absence, préférant sans doute réserver leurs applaudissements pour la venue le lendemain de Ségolène, en espérant peut-être se trouver devant une caméra de télévision. Ségolène dans une envolée fort lyrique a lancé : « Jeunes de Vaulx-en-Velin, la France a besoin de vous ! » ça Madame, ça flatte l’ego, ça ne mange pas de pain et surtout ça ne dérange pas la doxa de l’économie marchande. Comme le dit Azzedine, ces gens-là se complaisent dans leur petit confort intellectuel, et je le rejoins tout à fait.

Tout ceci pour dire que cette désaffection corrobore mes propos parus dans le courrier des lecteurs de la GR 1060 (décembre 2005), où je fustigeais le manque de critiques de feu l’abbé Pierre et le manque de propositions du professeur Jacquard. Les prisonniers du p.a.p. (prêt à penser) se gargarisent d’indignation devant la détresse humaine et si possible au mieux devant une caméra, au pire dans les colonnes de la presse. L’important pour eux c’est de se sentir considérés par l’opinion publique qui les conforte ainsi dans la haute estime qu’ils ont d’eux-mêmes. Je ne minimise pas l’importance de leurs actions concernant la misère humaine, mais ils ne font que la soulager comme l’a dit V. Hugo. Si tel n’était pas le cas, pourquoi ne viennent-ils pas écouter un autre son de cloche ?

Cher abonné de Pléven, essayez de faire comme Marie-Louise vous le suggère dans sa réponse. Essayez de convaincre la bien-pensance de votre région sur la nécessité d’un changement financier !

Malgré tout, je suis très content de cette rencontre, des échos encourageants me sont parvenus directement. Les propos pertinents et incisifs de Marie-Louise ont impressionné l’auditoire. « Enfin quelqu’un qui pense différemment m’a dit une amie, ça fait du bien ».

Maintenant je sais que cet évènement ne sera pas un coup d’épée dans l’eau et je compte bien creuser le sillon encore plus, même si l’attitude des principaux concernés m’a déçu. Au moins ceux qui sont venus connaissent-ils maintenant le nom de Jacques Duboin et le mot économie distributive. Et ça me paraît important.

Pour finir, le matin de son départ, dans un café, nous papotions avec Marie-Louise, Azzedine, Nicole et moi. En face du bistro, dès 10 heures du matin, la foule affluait pour l’arrivée de la belle Ségolène prévue pour midi au centre culturel Charlie Chaplin. Nicole a dit : « Si tout ce monde était venu hier soir écouter Marie-Louise, ils auraient entendu des choses bien plus intéressantes que les paroles consensuelles qu’ils vont entendre à midi ! »