POUR venir à bout de la crise, il ne suffit pas d’avoir une
proposition simple, logique, efficace et sûre. Il faut d’abord
la faire admettre, pour qu’un grand nombre de gens l’exigent et la mettent
en application. Et, malgré sa simplicité, notre proposition
dérange les habitudes de pensée : on s’habitue mieux à
l’idée que l’homme puisse aller se ballader sur la lune qu’à
le voir dissocier travail et revenus pour tous !
Nous sommes tous concernés par les changements nécessaires,
mais les chômeurs le sont avant les autres, parce qu’ils sont
les premiers touchés :
le marché du travail les a éliminés : il les traite
en assistés, en inutiles, comme des incapables. C’est donc auprès
des chômeurs que nous devrions avoir le plus de chances d’être
compris : à eux de répudier ce marché qui les élimine
!
C’est à eux que doivent s’adresser d’abord les lecteurs de «
la Grande Relève » qui ont à coeur de lutter pour
qu’un monde meilleur remplace celui dont ils voient l’agonie. Les aider
à comprendre qu’il leur appartient de se prendre en main pour
créer, avec les moyens qui existent déjà, une véritable
société : distributive et équitable. La première
étape consiste donc à réunir les chômeurs
autour d’un projet : leur donner un idéal, un but commun qui
leur donne le courage de lutter avec efficacité.
Pour réaliser cette étape, nous avons fabriqué
un tract en supplément à ce numéro, pour nos abonnés.
Si chacun d’eux accepte d’y mettre son nom et son adresse et d’en distribuer
autour de lui à tous les gens concernés, afin de les réunir,
de les aider à prendre contact entre eux, nous aurons déjà
fait un grand pas en avant.
Mais combien parmi les lecteurs qui nous disent « il faut agir
», agiront-ils eux-mêmes ?
Réponse dans un prochain numéro... ?
Quand un nombre suffisant de gens courageux auront entrepris de
mettre sur pied un système distributif, ils seront amenés
à exiger l’intervention du gouvernement sur un point capital
: l’instauration d’une monnaie distributive.
Ils se heurteront à tous ceux qui croient encore que la monnaie
est une institution éternelle que rien ne peut remettre en cause.
A ceux-là, nous répondons par l’étude publiée
ci-dessous en 1961 par J. Duboin. Elle leur montre que cette sacro-sainte
institution est totalement inconsistante : les bases du système
bancaire, sur lequel reposent toutes nos relations économiques,
ne sont en fait qu’un accord tacite, une simple convention entre gens
de connivence... et qui savent bien s’entendre par exemple quand il
s’agit de faire baisser le franc pour influencer l’électorat
!
POUR le grand public, la banque est une sorte de garde-meubles où
l’on met son argent à l’abri des voleurs. On l’en retire quand
on en a besoin. La banque vous ouvre un compte (le compte en banque
!) qu’elle crédite des sommes versées et débite
de celles retirées. Le déposant reçoit un carnet
de chèques et s’en sert pour payer ses fournisseurs : c’est très
commode. L’homme de la rue sait encore que la banque ne paye un chèque
que si l’on a de l’argent à son compte, tirer un chèque
sans « provision » étant un délit ; ici s’arrêtent
ses connaissances. Si on lui demande cependant si les banques prêtent
quelquefois de l’argent à leurs clients, il répond affirmativement.
Quel argent prêtent- elles ? Mais celui qu’on leur a déposé
! s’écrie-t-il avec un léger sourire de pitié.
Cette naïveté est répétée couramment
; elle se rencontre sous la signature de journalistes, même d’économistes
distingués et d’analystes financiers qui expliquent doctement
que les crédits consentis par les banques sont forcément
limités, car elles ne peuvent prêter que l’argent qu’elles
possèdent : la plus belle fille du monde...
Lorsque vous rencontrez un de ces innocents, dites - lui ceci quand
vous déposez 100 000 F à votre compte, n’avez-vous pas
le droit de les retirer à vue, donc à n’importe quel moment
? Supposons que vous les réclamiez le lendemain et que le caissier
vous dise : « Mille regrets ; nous venons de prêter votre
argent à un brave homme - votre voisin - qui en avait grand besoin
:il nous le remboursera dans quelques mois augmenté d’un bon
intérêt et des commissions d’usage », quelle tête
feriez-vous ? Ce n’est plus de l’argent que vous déposeriez,
ce serait une plainte pour vol ou abus de confiance. Certes vos 100
000 F appartenaient bien à la banque qui les avait mis dans sa
caisse, qui fait partie de son Actif ; mais elle avait inscrit dans sa
comptabilité qu’elle vous les devait, car vos 100 000 F figurent
à son Passif. Admettriez-vous qu’un commerçant prêtât
un élément de son Passif ? Qu’il prêtât l’argent
de ses créanciers ?
Votre interlocuteur cherchera à s’en tirer en disant que l’argent
prêté est celui de la banque ou de ses actionnaires. Conseillez-lui
de courir retirer ses fonds, car elle ne tardera pas à fermer
ses guichets : elle ne couvre pas ses frais généraux !
Il faut lui apprendre que les choses se passent autrement. Rappelez-lui
l’histoire des orfèvres de Londres chez qui les Anglais déposaient
leurs pièces d’or quand ils partaient en voyage. Les orfèvres
leur délivraient un reçu. Mais les Anglais, trouvant plus
commode de se servir des reçus à la place des pièces
d’or, négligeaient souvent de réclamer celles-ci aux orfèvres.
Ceux-ci s’enhardirent donc à fabriquer des reçus fictifs
qui, mis en circulation, sont devenus les billets de banque.
La même aventure est arrivée aux billets de banque que
les clients déposent dans les banques. Elles s’aperçurent
que, si les déposants sont nombreux, une fraction ces sommes
déposées ne sort plus de leur caisse, car si des clients
retirent de l’argent, d’autres en apportent. Elles estimèrent
donc qu’elles pouvaient autoriser quelques clients à retirer
momentanément plus d’argent qu’ils n’en avaient à leur
compte ; puis ce privilège fut étendu à de nouveaux
clients. Cette monnaie ainsi créée porte aujourd’hui le
nom de monnaie bancaire ou scripturale ; elle a pris un développement
considérable, les banques en créant souvent plus qu’il
n’existe de billets de banque en circulation.
Les 100 000 F que vous avez effectivement versés à votre
compte, permettront de créer peut-être 100 000 F de Monnaie
bancaire en faveur d’Antoine, 100 000 F de plus en faveur de Bernard,
et 100 000 F encore au profit de Casimir.
A ces trois emprunteurs, la banque remettra, comme à vous, un
carnet de chèques qu’ils pourront tirer jusqu’à concurrence
des 100 000 F prêtés. Si des porteurs de ces chèques
réclamaient des billets, vos 100 000 F effectivement versés
suffiraient à leur donner satisfaction.
En bref, la banque autorise Antoine, Bernard et Casimir à tirer
des chèques sans provision, car c’est elle qui fait la provision
.. en monnaie bancaire !
C’est que l’expérience a prouvé aux établissements
de crédit et aux grandes banques, que l’argent qui sort de leur
caisse ne découche jamais longtemps. Trois cas peuvent se présenter
: 1°) le porteur du chèque possède un compte dans
la même banque : elle crédite alors son compte et débite
celui du tireur ; 2°) il possède un compte dans une autre
banque : elle remet son chèque à la Chambre de Compensation
qui joue le rôle d’un super-siège social de toutes les
banques, car elle compense chaque soir leurs opérations de la
journée ; 3°) le porteur du chèque l’encaisse et reçoit
des billets dont il se servira pour ses achats ou pour payer les salaires
de son personnel : ces billets ne tarderont pas à faire retour
à la banque par les mille canaux du commerce de détail.
Si l’on désire une explication plus technique, la voici : la
monnaie bancaire n’a d’autre existence que celle d’un compte sur lequel
son titulaire tire des chèques s’il est créditeur. Cette
monnaie bancaire lui appartient mais ne consiste qu’en écritures
comptables ce qui sort d’un compte entre dans un autre compte et ainsi
de suite. Enfin quelques billets de banque sont nécessaires pour
les porteurs de chèques qui préfèrent les toucher
en « espèces », c’est-à-dire en papier !
* Ce texte est extrait de « Pourquoi manquons-nous de crédits ? ».
J’AI cru que Christ était ressuscité ! C’est un terrible réquisitoire que Mgr Lustiger, Archevêque de Paris, vient de prononcerà l’occasion de la récente visite du Pape en Afrique Noire : « Nous perdons notre âme. Notre civilisation signe son arrêt de mort quand nous n’accordons pas aux Africains l’égale dignité des enfants de Dieu, quand nous voulons conquérir à notre profit le monde entier et ses richesses alors que Dieu les a donnés à tous les hommes pour leur bonheur... Une nation riche qui perd son âme est une nation de morts... Et une nation dont l’âme est morte, une culture qui a perdu ses raisons de vivre, des systèmes économiques et sociaux qui contredisent pratiquement les objectifs qu’ils se proposent, ne peuvent alors enfanter que le néant et la destruction... Peut-être est-il déjà trop tard pour que nos cultures et nos histoires échappent au germe de mort qui ronge notre coeur. Maladie mortelle, maladie doublement mortelle : homicide puisqu’elle fait mourir nos frères, suicidaire puisqu’elle nous détruit nous-mêmes. » (1)
C’est le ton des malédictions bibliques. On est très près de l’eschatologie de René Guénon qui voit dans la montée du matérialisme l’annonce de la fin des temps. Moins prophétique, le Père Elsa, missionnaire, cerne d’un trait plus précis le problème posé aux croyants : « En Afrique Noire, les tâches d’Evangile s’inscrivent dans une région du monde où les puissances d’argent ont décidé de faire de ce territoire une réserve d’esclaves et de main d’oeuvre à bon marché. Pour les Eglises, la question posée par cette situation est claire : chaque jour, au nom de l’Evangile, écrire l’histoire de la libération effective des opprimés. »
Le Père Elsa dit vrai. La situation est claire et la question
est bien posée, non seulement pour l’Afrique mais pour l’humanité
entière. Mais alors pourquoi le Pape, Chef suprême de l’Eglise,
du haut de l’Infaillibilité que lui confère les dogmes,
ne lance-t-il pas l’Anathème contre les fauteurs du génocide
? Pourquoi ne dénonce-t-il pas solennellement les Etats et les
systèmes économiques et sociaux qui bafouent cyniquement
les Droits de l’Homme ? Pourquoi ne frappe-t-il pas d’excommunication
Reagan et Brejnev, les affairistes de tous poils et d’abord les trafiquants
d’armes et les sociétés multinationales qui pillent et
affament les peuples du Tiers-Monde, comme la télévision
elle-même vient d’en faire la démonstration ? Avec tout
le respect et l’estime que nous lui portons, nous disons à Jean-Paul
Il Pasteur de la Chrétienté, qu’il ne peut pas se dérober
à la mission dont Dieu l’a investi. L’heure n’est plus aux homélies
lénifiantes. Il faut parler clair et fort. La plus haute autorité
spirituelle du monde occidental est seule capable de provoquer l’électro-choc
qui sortira l’humanité de sa torpeur. Faut-il rappeler au Pape
que le Christ, dans une circonstance au moins, n’a pas hésité
à recourir à la violence, lorsqu’il a chassé à
coups. de fouet les marchands du Temple ? C’était sa manière
d’exprimer sa réprobation à l’égard de l’économie
de marché...
Cependant d’autres voix s’élèvent pour donner l’alarme.
Europa Erwache ! Europe, réveille -toi ! C’est le cri que pousse
la jeune génération d’Allemagne occidentale. Divine surprise
! Concours inespéré. La nouvelle Allemagne semble avoir
rompu avec le démon de l’expansionnisme et du racisme. Elle se
bat aujourd’hui pour protéger la Vie, pour défendre les
arbres contre les engins destructeurs et les centrales nucléaires.
La montée du mouvement pacifiste est un phénomène
intrinsèquement sain. Les tentatives de manipulation dont il
peut faire l’objet ne sauraient dissimuler son importance historique.
L’Est et l’Ouest sont en crise. La faillite des deux systèmes
qui se partagent le monde n’a jamais été aussi manifeste
; ni aussi évidente la menace que fait peser sur la planète,
l’affrontement des deux Superpuissances qui les incarnent.
Entre deux formes de barbarie, entre le capitalisme sauvage et le socialisme
concentrationnaire, les hommes refusent de choisir. lis les rejettent
l’une et l’autre avec la même horreur. Le monde est à la
recherche d’une troisième voie. Les démarches erratiques
des peuples, à l’approche du troisième millénaire,
expriment une aspiration confuse vers des formes de socialisation délivrées
de l’oppression et de la compétition permanentes. Ni Jungle,
ni Goulag, une société à la mesure et au service
de l’homme !
Les deux superpuissances sont définitivement disqualifiées.
C’est à l’Europe et aux pays non alignés qu’il appartient
désormais de prendre en main les destinées de la Planète.
L’héritage humaniste et chrétien de l’Europe se découvre
des affinités avec les survivances traditionnelles des pays du
TiersMonde. La fascination qu’exerce les dernières tribus primitives
de l’Amazonie et de la Nouvelle-Guinée traduit la nostalgie d’un
monde non asservi aux « valeurs » de la société
productiviste dans l’une ou l’autre de ses versions, capitaliste ou
bureaucratique. En unissant leurs forces, l’Europe et le TiersMonde
peuvent s’interposer entre les deux colosses et mettre un terme à
leur confrontation suicidaire.
Nous avons été assez souvent critiques et même sarcastiques
avec le Président Mitterrand pour ne pas lui ménager notre
approbation quand il remet en cause l’hégémonie des deux
Grands (Yalta, c’est fini !) et surtout quand il affirme l’urgente nécessité
d’un nouvel ordre économique mondial. Même si ces déclarations
sont démenties par les prises de position effectives - on sait
que le Pouvoir socialiste est comme l’Enfer, pavé de bonnes intentions
- elles ne sont pas totalement inefficaces. Comme les admonestations
du Pape, elles contribuent à faire avancer l’idée que
la spirale mortelle où le monde est entraîné ne
peut être désamorcée si les rapports entre les hommes
continuent d’être soumis aux impératifs de la compétition
et aux mécanismes du marché. L’état de guerre économique
débouche inévitablement sur la guerre tout court.
François de Ravignan, agronome et disciple de René Dumont,
soutient à juste titre dans son ouvrage « Le monde de la
faim » que la meilleure façon d’aider les pays sous-développés
est de les déconnecter du marché mondial et de leur permettre
de disposer de leurs ressources pour satisfaire Ieurs propres besoins.
C’est ce que l’on appelle le développement autocentré
dont les multinationales ne veulent à aucun prix. Le mot d’ordre
« D’abord manger » lancé par Nyéréré,
Président de la Tanzanie, exprime fort bien cette stratégie
de développement qui vise à soustraire à la compétition
et à la dépendance, les économies fragiles du Tiers-Monde..
La lutte pour la Paix est étroitement liée à la
lutte pour une nouvelle organisation mondiale de la production. Une
citation empruntée à un ouvrage de Bertrand de Jouvenel
« La civilisation de la Puissance » me paraît de nature
à faire comprendre la gémellité des deux problèmes
: « On est tenté de rapprocher les entreprises d’investissement
des entreprises d’équipement militaire. Dans l’ordre militaire,
il y a course aux armements le souci n’est pas seulement d’avoir des
armes efficaces, mais d’en avoir qui surclassent celles des adversaires
possibles. Ce souci porte d’une part à l’innovation continuelle,
de l’autre au rebut des armes qui paraissent surclassées. De
ce comportement, celui des entreprises se rapproche d’autant plus qu’elles
s’adressent à un marché mondial et qu’elles sont plus
grandes. Comme dans l’ordre militaire, le souci de rivalité est
un principe de la consommation accélérée d’équipements
et explique l’énormité des dépenses d’investissement
qui constituent une part croissante de la dépense globale. C’est
ce que j’ai appelé le syndrome des Danaïdes auquel les groupes
nationalisés n’échappent pas plus que les autres.
Ainsi, une part croissante du produit social est engloutie dans des
équipements voués à une obsolescence accélérée,
au détriment de la rémunération des travailleurs,
du niveau de l’emploi et de la préservation de la biosphère,
c’est la fatalité inexorable du système marchand. Face
à cette Némésis, la pathétique conjuration
de l’Archevêque de Paris frappe juste. Elle interpelle tous les
hommes, croyants ou non croyants.
(1) « Le Monde » du 12-2-82.
Un étrange Prix Nobel
DEPUIS plus de 20 ans j’essaye, dans la mesure de mes capacités
et des informations dont je dispose, de lutter contre toutes les formes
de pollution et surtout de démontrer que le succès de
cette lutte passe obligatoirement par l’instauration d’une Economie
des Besoins, seule capable de placer les intérêts vitaux
des individus avant la sacro-sainte rentabilité financière.
Au cours de toutes ces années, j’ai eu l’occasion de citer des
centaines d’articles et d’auteurs. En toute bonne foi, je ne croyais
guère possible de trouver d’éléments vraiment nouveaux
à verser dans cet énorme dossier.
C’est aujourd’hui chose faite. J’ai découvert récemment
un livre de poche édition 1973 et qui devait dormir dans un coin
de grenier.
Le nom de son auteur m’a alerté, car c’est un homme dont on a
beaucoup parlé ces derniers mois, et qui est en outre directeur
du Figaro Magazine : il s’appelle Louis Pauwels.
Le titre de l’ouvrage ? : « Lettre ouverte aux gens heureux et
qui ont bien raison de l’être ».
Son sujet ? Dénoncer le pessimisme systématique, le dénigrement
généralisé qui ont réussi à diminuer
les unes après les autres nos raisons de vivre. La sinistrose
de nos sociétés contemporaines est, selon Louis Pauwels,
le résultat d’une entreprise de démolition de longue haleine
sans aucune issue positive ou constructive possible. L’objectif de nos
contestations se limite à « casser la baraque » avec,
en toile de fond, un plus ou moins vague retour au rousseauisme, un
abandon de toutes les réalisations dues aux progrès techniques
des cinquante ou cent dernières années.
Pour étayer sa démonstration, Louis Pauwels a recours
à sa méthode habituelle : choquer le lecteur, en prenant
le contrepied d’idées largement admises.
Et c’est ainsi qu’arrivé à la page 43 du livre, j’ai failli
m’évanouir de surprise en apprenant que Louis Pauwels «
ne croit pas au péril pollution »... Et page 44 : «
La pollution, comme mythe négatif, est une arme de guerre psychologique
maniée, contre le monde développé, par des agents.
C’est enfin un racket pour divers organismes et groupes de pression.
Je donne aux inventeurs de cette psychose le Nobel de l’escroquerie.
»
Ne pas nier l’évidence
Une affirmation aussi péremptoire mérite tout de même
d’être étayée, et Louis Pauwels ne se dérobe
pas puisqu’il consacre, en annexe à son ouvrage, plus d’une dizaine
de pages à ce sujet. Qu’y trouvons-nous ?
« Depuis 1960, nous dit-il, la plupart des problèmes de
pollution industrielle avaient été maîtrisés,
sur le plan technique (c’est nous qui soulignons). Restait à
établir ou à raffermir une législation. »
Restait surtout, hélas, à éliminer l’action des
puissants intérêts financiers qui dans tous les domaines
s’ingéniaient à tourner les lois pour sauvegarder leurs
projets. Nous connaissons les résultats...
Autre citation : « C’est à cette époque que parut
le livre de Rachel CARSON. Cette malheureuse, se mourant d’un cancer,
était persuadée que sa maladie venait du DDT. L’influence
de son ouvrage, « Le Printemps silencieux » fut désastreuse.
Au lieu de combattre les insectes, on combattit les insecticides. On
sait aujourd’hui que les références et informations tendant
à présenter ce produit comme ayant une persistance infinie
s’accumulant sans limite dans les tissus humains, étant responsable
de la disparition de milliards d’oiseaux et de poissons, et produisant
chez l’homme des effets pathogènes et cancérigènes,
ne repose sur aucune base scientifique. »
Tiens donc ! Et sur quelle base scientifique s’appuie Louis Pauwels
? Sur un communiqué de la Chambre syndicale de Phytopharmacie
reproduit par le journal Le Monde.
Il est bien évident qu’entre ce communiqué, hautement
désintéressé, et les affirmations de dizaines de
savants tels M. Jean DORST, par exemple, aucune hésitation n’est
possible.
Pourtant M. Louis Pauwels continue :
« Le DDT enfin reconnu inoffensif après 10 ans de panique
stupide, on a nourri la psychose avec le mercure. Le DDT contient notamment
du chlore. Un des procédés de fabrication du chlore consiste
en l’électrolyse d’une solution de sels marins avec une cathode
de mercure. Quand on découvrit du mercure dans le lac Sinclair,
au Canada, l’affolement fut grand. Les analyses se poursuivant un peu
partout, on devait s’apercevoir que certains poissons (comme le thon)
contiennent naturellement une petite quantité de mercure et que
cela est sans rapport avec la fabrication du DDT. ».
Evidemment, en 1973, M. Louis Pauwels ne pouvait avoir connaissance
du livre de Fernand GIGON « Le 400e chat, ou les pollués
de Minamata ». Dix mille victimes, dont presque une centaine de
morts, c’est tout de même beaucoup pour une inoffensive psychose.
M. Louis Pauwels ne croit pas non plus « à la raréfaction
de l’oxygène dans l’air et à notre, prochaine asphyxie
générale ». Sans doute n’a-t-il jamais vu les distributeurs
d’oxygène installés dans les grandes villes japonaises,
et notamment à Tokyo.
Il admet pourtant que « le problème de la pollution par
gaz d’échappement des voitures n’est évidemment pas négligeable.
» Mais « la solution a été découverte
dans la post-combustion, c’est-à-dire dans la réalisation
d’un brûleur supplémentaire détruisant le gaz d’échappement
de la voiture. Il est prévu que les automobiles américaines
seront ainsi équipées dans les 5 années à
venir, en attendant la voiture électrique. »
Nous sommes en 1982, cher Monsieur, où sont les voitures électriques
? Où sont les brûleurs supplémentaires ? Ils sont
nuisibles financièrement et n’ont par conséquent pas vu
le jour.
Et les engrais chimiques ? « Il a fallu trente ans de lutte pour
anéantir l’idée que les engrais artificiels détruisaient
le sol et produisaient des aliments malsains. » Qu’en pensent
les agriculteurs, chaque jour plus nombreux, qui se sont ralliés
aux méthodes de culture agrobiologiques ?
Et la pollution des océans ? Au diable Cousteau, Bombard et autres
prophètes de malheur qui se prétendent bien placés
pour tirer les sonnettes d’alarme, sous prétexte qu’ils ont vu
et étudié sur place. M. Louis Pauwels, lui, n’est pas
inquiet ; il ne redoute ni une crise de l’eau pure, ni l’immersion de
déchets radioactifs, mais admet tout de même « qu’il
faut surveiller les pétroliers », surveillance particulièrement
efficace si l’on s’en réfère aux nombres de marées
noires survenues depuis la sortie de son livre.
Avec le recul des années, le démenti des faits devient
plus cinglant. Il est toujours dangereux, et parfaitement inutile, de
nier l’évidence.
Le progrès au service de l’homme
D’autant plus que, parmi les défenseurs de la Nature, broyer
du noir ne constitue pas toujours le dernier chic, et que nul ne songe
sérieusement à nier les acquits positifs de la science
et de la technique dans des domaines comme celui de la médecine
par exemple, ou de la lutte contre la famine. Nul, même parmi
les partisans de la croissance zéro, n’envisage un impossible
retour en arrière à la vie du bon sauvage.
Mais nier la pollution est un enfantillage encore plus dangereux. Et
le principal avantage d’une économie des Besoins c’est précisément,
dans ces problèmes comme dans beaucoup d’autres, de concilier
les inconciliables de notre système économique actuel.
Réclamer que les progrès techniques soient mis au service
de l’homme est un lieu commun. Préciser comment y parvenir est
beaucoup plus difficile.
Prenons un exemple : celui de l’énergie. Parlant des moyens de
captage des diverses énergies douces, non polluantes, M. Marcel
BOITEUX, Président d’E.D.F., écrit dans Le Figaro du 21
mars : « ce qui importe pour qu’une énergie vaille ou non
d’être mobilisée, c’est son coût. »
Oui, mais quel coût ? Dans notre système économique
actuel, aucune ambiguité : c’est le coût financier, la
rentabilité financière des capitaux investis, avec tous
les non sens qui en résultent au niveau des décisions.
Sans aller jusqu’à préconiser l’Economie des Besoins,
M. Marcel BOITEUX est tout de même conscient du problème
puisqu’il écrit un peu plus loin : « Il reste que le calcul
économique n’intègre pas toujours, ou pas assez, certaines
raretés essentielles, mais encore non marchandes, telles que
l’air pur, l’eau propre, ou la terre vierge. Une économique rationnelle
de ce type de biens collectifs est encore à faire pour rendre
opérationnel un mode de calcul économique qui ferait sa
juste place à ces raretés essentielles. »
On croirait lire Philippe de SAINT-MARC. Oui, cette économie
reste à faire, et c’est pour cela que nous ne devons pas désespérer
de l’avenir. Nous voulons bien, comme M. Pauwels, être optimistes,
mais pas en nous bandant les yeux. Et nous ne sommes pas seuls, si j’en
crois la conclusion d’un article de M. Henri GUITTON, Président
de l’Institut, dans le même Figaro du 21 mars dernier.
« Derrière le visible de type kafkaien, je vois aussi se
profiler un invisible ouvrant une voie nouvelle. La fin d’un monde peut
être le début d’un monde nouveau. Le chômage, qui
croît, annonce en effet une mutation profonde dans le monde salarial.
Lorsqu’il aura atteint ce chiffre de deux millions qui nous fait peur,
l’heure aura sonné de reclasser autrement que dans des grandes
usines, ces jeunes, ces femmes qui ont grossi le volume des demandeurs
d’emploi mal trouvable. Il ne faut pas s’attrister indéfiniment
de la substitution des machines, soit aux muscles, soit à l’intelligence
de l’homme. Cette substitution fera surgir des emplois hors du monde
salarial de la dépendance, dans un ensemble artisanal rénové.
L’ère des micro-ordinateurs n’est pas encore commencée.
Oserai-je dire encore que derrière un renouveau technique, dans
un invisible encore plus souterrain, une résurgence des valeurs
morales est en train de s’opérer ? Après une décadence
évidente de ces valeurs qui nous afflige tant, puisqu’elle a
conduit au désarroi, à la violence, aux destructions stupides,
ne sentezvous pas venir pour demain une remontée chez les tout
jeunes ? Après la contestation, un certain dégoût
se fait jour. Ne serait-il pas comme pré. curseur de ce supplément
d’âme que nous attendons depuis si longtemps ? Les générations
montantes sont encore silencieuses. Par-delà les agressions des
minorités extrémistes, ce silence me paraît prometteur.
Les invisibles de longue durée entretiennent pour moi l’espérance.
»
Qu’ajouter à ce texte sinon que, depuis plusieurs décades,
les invisibles porteurs d’espérance ont pour nous le visage de
l’Economie des Besoins.
DANS son numéro du 8 février 1982, la revue américaine Time consacre un long article à la montée du chômage aux Etats-Unis. Ce pays, qui se considère comme le plus puissant du monde et le champion de l’économie de marché et de libre entreprise, est en proie à de graves difficultés qui illustrent bien la crise que le système capitaliste traverse en ce moment.
QUELQUES CHIFFRES
Chaque mois, les services officiels publient diverses statistiques.
Parmi tous ces chiffres il en est un qui a une résonance particulière
sur le plan politique et sur le plan humain, c’est celui qui indique
le pourcentage de la population active actuellement sans travail. De
mois en mois il ne cesse de monter, passant de 8 % en octobre 81 à
8,4 % en novembre et 8,9 % en décembre. Le chiffre de janvier
n’était pas encore connu au moment où l’article a été
rédigé. Ainsi donc, en décembre, 9 millions et
demi d’Américains étaient sans emploi.
A qui profite cet état de fait ? Pas aux chômeurs bien
sûr. Pas plus au gouvernement pour qui 1% de plus de chômeurs
représente un déficit supplémentaire de 25 milliards
de dollars (environ 150 milliards de francs lourds) en impôts
non perçus et en allocations versées.
A propos d’allocations, la nouvelle politique mise en oeuvre par le
président Reagan consiste à les réduire afin de
diminuer les dépenses du gouvernement. Au plus fort de la récession
qui dura de 1973 à 1975, plus de 75 % des Américains au
chômage (ils étaient près de 8 millions et demi)
percevaient une aide. En décembre 1981, ce chiffre était
tombé à 37 %.
Hélas, le chômage n’affecte pas que les Etats-Unis. Au
Canada, les sans emploi représentent 8,6 % de la population active
; en France, 8,7 % en Italie 9,1 %, en République Fédérale
7,3 % et en Grande Bretagne, où le gouvernement suit une politique
économique et monétaire assez voisine de celle des Etats-Unis,
le triste record est battu avec 12,7 %.
QUI EST ATTEINT ?
Tous les Américains ne sont pas affectés de la même
façon par le chômage. Bien sûr, ce sont les travailleurs
les moins qualifiés ou ceux qui appartiennent aux minorités
qui souffrent le plus. Le taux de chômage chez les Noirs est de
17,4 % et chez les jeunes de 21,7 %. Si ces jeunes ont le malheur d’être
aussi des Noirs, le pourcentage atteint 39,6 %.
Il existe également une catégorie de « travailleurs
» particulièrenient remarquable. C’est celle des «
travailleurs qui ont perdu espoir », en d’autres termes, ceux
qui, au cours des quatre dernières semaines, n’ont pas cherché
d’emploi. Ils ne sont plus considérés comme chômeurs
bien qu’on en compte 1 200 000. Il y a aussi ceux qui ont dû se
contenter d’un travail à mi-temps ou à temps partiel et
qui ne sont pas plus de 5400000.
Les industries le plus durement touchées sont l’automobile et
le bâtiment, avec, pour la première, un taux de chômage
de 21,7 %, et de 18% pour la seconde. Les fonctionnaires ne sont guère
mieux lotis puisque le président veut dégraisser les effectifs,
comme on dit, et licencie même une partie des fonctionnaires qui
ont pour tâche de distribuer les allocations chômage.
A titre d’exemple, Time cite le cas d’un vendeur d’automobiles de Californie
célibataire qui, en des temps plus heureux, gagnait environ 2
000 dollors par mois, soit environ 12 000 francs lourds. Lorsque les
ventes de voitures ont baissé il s’est retrouvé avec un
revenu mensuel ramené à 250 dollars, soit 1 500 francs.
A 54 ans, avec une formation professionnel. le qui n’est plus adaptée
aux techniques nouvelles, il n’a pas pu trouver d’autre emploi et vit
depuis un an dans les locaux d’une Mission qui lui fournit les repas,
un lit dans une chambre de 8 personnes et une allocation hebdomadaire
de 8 dollars, soit 48 francs.
QUEL AVENIR ?
Toutes ces statistiques sinistres rie peuvent qu’éclairer davantage une situation depuis longtemps connue de nos lecteurs. La crise actuelle a essentiellement pour cause une redistribution des cartes. De nombreux pays ont, depuis peu, atteint l’ère industrielle et sont de dangereux concurrents pour les pays industrialisés depuis longtemps, habitués à un niveau de vie élevé dont les entreprises ne peuvent plus faire les frais. Pour survivre, les producteurs réduisent au maximum leurs dépenses et licencient, se privant ainsi de clients qu’elles doivent rechercher à l’étranger où la concurrence est vive. Les robots n’ont encore fait qu’une apparition timide mais cela ne va pas durer. Alors le chômage va continuer à croître globalement même si on enregistre une légère reprise dans les mois qui viennent. Une seule solution : le partage du travail que les machines ne peuvent accomplir mais sur des bases complètement nouvelles, celles de l’Economie Distributive.
TANDIS que notre malheureuse planète, qui décidément
ne tourne plus rond, s’achemine cahin-caha vers l’an 2000, tandis que
les Nostradamus de bazar, les voyantes extra-lucides, les astrologues
de fêtes foraines, les diseurs de bonne aventure et les liseurs
dans le marc de café, auxquels viennent se joindre les futurologues,
nous annoncent le programme des réjouissances et des catastrophes
- au choix - prévu pour cette fin de millénaire ; tandis
que les économistes de service - et ça fait du monde -
nous préparent les nouveaux plans de lutte contre l’inflation
et le chômage sortis de leur matière grise en ébullition
; tandis gu’en ces lendemains de festivités, de gueuletons et
de beuveries en l’honneur du Père Noël, toujours solide
au poste, lui, dans cette partie de la planète que l’on appelle
le TiersMonde on continue à crever de faim, et dans l’autre partie,
dite civilisée, à crever d’indigestion, une révolution
comme on n’en a pas vu de mémoire d’homme, depuis l’invention
du lance-pierre, s’accomplit en ce moment sous nos yeux.
C’est ce que l’on appelle déjà la révolution télématique.
Et le cerveau électronique n’est pas loin. Depuis l’apparition
des premiers ordinateurs considérés d’abord comme des
gadgets la machine a fait des progrès foudroyants avec l’arrivée
en masse des robots dans l’industrie, suivis il y a quelques années
à peine, des micros-processeurs qui sont des plaquettes de silicium
minuscules et que l’on appelle les « puces » électroniques.
Et ce n’est pas fini. Le progrès ne s’arrête pas là.
On pourra perfectionner encore ces merveilleuses machines d’un faible
prix de revient - c’est moins cher qu’un sous-marin nucléaire
et ça fait moins de dégâts - et les miniaturiser,
ce qui serait difficile pour un sous-marin.
Non, le cerveau électronique n’est pas loin et la miniaturisation
de ces machines va les rendre capables, entre les mains de l’économiste
le plus obtus, même M. Raymond Barre, de résoudre des problèmes
jusqu’alors réputés insolubles. Bref, selon le docteur
Christopher Evans, psychologue et informaticien, auteur du livre «
Les Géants minuscules » : l’intelligence artificielle est
une utopie en voie de réalisation.
La révolution industrielle du XIXe siècle, avec tous les
espoirs qu’elle suscitait, avait posé plus de problèmes
qu’elle n’en pouvait résoudre. Entraînant l’humanité
dans une course au profit qui n’avait jamais été aussi
implacable, de guerres de conquêtes en colonisations elle avait
enrichi les conquistadores, les aventuriers et les marchands de canons,
créé le prolétariat, cette forme moderne de l’esclavage
et réalisé ce joli tour de force : la misère dans
l’abondance.
Mais on ne s’en est pas tenu là. Au train où vont les
choses - et elles vont bon train - ça va peutêtre enfin
changer. Si l’abondance nous submerge au point que l’on en est toujours
réduit à résorber les excédents, et si les
crève-la faim, ceux que l’on appelle les assistés, sont
toujours aussi nombreux et même en nette augmentation, c’est qu’ils
se débrouillent mal pour trouver du boulot. Des emplois ii y
en a plein dans les journaux.
Ce qui me rend optimiste c’est qu’on n’arrête pas le progrès.
Avec l’ordinateur de demain - et demain c’est pas loin - qui sera bientôt
à la portée du premier venu, c’est une ère nouvelle
qui commence. Selon le docteur Christopher Evans, expert mondial en
matière de micro-processeurs, grâce aux derniers progrès
réalisés dans l’électronique et à tous ceux
que l’on attend des nouvelles techniques et qui dépassent les
rêves de la science-fiction, on peut déjà envisager
pour un proche avenir l’apparition de la machine intelligente.
La nouvelle machine électronique effectue déjà
des travaux compliqués que l’homme est incapable de faire lui-même,
et si elle e encore besoin de l’homme pour être programmée
elle sait dresser des bilans aussi bien qu’un expertcomptable, prédire
le temps qu’il fera demain, calculer les impôts que vous aurez
à payer, et même gagner aux échecs. Bref, l’intelligence
artificielle, selon les experts en informatique, est une utopie en voie
de réalisation.
Alors, qu’est-ce que l’on attend pour nous débarrasser du ministre
de l’Economie et des Finances et mettre à sa place, rue de Rivoli,
un cerveau électronique ?
C’est le seul moyen de sortir de la pagaille dans laquelle nous pataugeons
depuis plus d’un demisiècle et de voir se réaliser enfin,
avec un plan de redressement, qui, pour une fois, sera définitif,
cette « utopie » que l’on appelle l’Economie Distributive.
Recensement général de la population. En 1975 ça
s’était plutôt mal passé. L’INSEE, chargé
de la chose, avait cru bien faire en choisissant les « chefs »
temporaires (pour former et encadrer les agents recenseurs) des messieurs
style colonels en retraite ou P.D.-G. sur la touche.
Résultats : les chômeurs et les étudiants embauchés
pour l’occasion écrémèrent le plus facile, négligeant
le recensé du bout du quai. Pendant ce travail, colonels et P.D.-G.
plastronnaient estimant que la piétaille ferait son devoir.
Cette année on a visé plus bas. Les 2 800 « délégués
» ont été recrutés parmi les retraités
petit cadre, genre adjudant-chef. Ils ont reçu pour mission de
faire recruter par les maires quelque 120 000 recenseurs.
Ça fera toujours un peu de boulot pour les étudiants et
les chômeurs !
Bah, pas tellement. Les instructions (orales) de l’INSEE sont «
Evitez les jeunes et les chômeurs, gens peu sérieux ».
C’est vrai ça. Et puis ce sont peut-être les mêmes
qu’en 75. Sont capables de rester gamin 7 ans d’affilée ces cocos-là
et les chômeurs itou.
Lectures
ECHARDE plantée au flanc de la richesse, la pauvreté
donne aux riches mauvaise conscience. Elle dérange leur confort
d’esprit, semant le doute chez les théoriciens du capitalisme
libéral inquiets de la voir persister et s’étendre, en
dépit d’une croissance continue de la production, propre à
la résorber. Il s’agit donc de disculper les riches et le système
dont ils profitent, des accusations dont ils font l’objet. Troubadour
d’un néo-capitalisme d’extrêmedroite, GILDER dans son livre
« Richesse et pauvreté » (1), prend le taureau par
les cornes et mène son attaque sur deux fronts
Les pauvres sont responsables de leur condition. L’assistance sociale
les rend paresseux. Cette assistance supprimée, les chômeurs
devront nécessairement se remettre au travail, participer à
la créativité, à la productivité, à
l’innovation. Qui ne travaille pas ne mangera pas, disait déjà
St Paul au premier siècle de notre ère. « L’aiguillon
de la pauvreté, écrit GILDER, est la chose la plus nécessaire
à la réussite des pauvres ».
En outre, observe GILDER, les programmes d’aide sociale ont un effet
corrosif sur la richesse, taxée, imposée, découragée,
alors que le but suprême du libéralisme économique
est l’accumulation du capital en vue d’investir. Aussi Gilder tire-t-il
à boulets rouges sur l’impôt progressif qui frappe les
hauts revenus.
Dans la foulée, il déclare la guerre aux contrôles
car ils découragent l’esprit d’entreprise. Guerre également
aux appareils régulateurs de l’Etat, à l’Etat-providence,
aux Assurances, à l’impôt sur les plus-values ; guerre
surtout à l’économie stagnante. Les paysans encombrés
de leurs stocks ? Qu’ils se débrouillent. Les veuves, âgées
ou laides, se trouveront un nouvel époux. Les vieux, les impotents
? Qu’ils crèvent ; ce sont des parasites, des inutiles qui vivent
aux crochets des riches. Plus d’aide aux « canards boîteux
» : tant pis pour les outillages inutilisés, les actifs
gaspillés. N’est-ce pas excellent pour la mobilité ? Il
nie en bloc l’efficacité des transferts, n’en retenant que les
effets pervers sur la croissance, spoliateurs à l’égard
des riches, mais se gardant d’évoquer leur rôle en matière
de débouchés étatisés, générateurs
de hauts profits au niveau des grandes compagnies et de leurs sous-traitants.
Pourquoi parler de lutte des classes puisque les classes n’existent
que dans l’imagination des marxistes ? On n’appartient pas à une
classe. On y entre et on en sort à tout instant au gré
du hasard, de la chance ou de la malchance. La mobilité sociale
est un fait caractéristique de la société américaine.
Les riches d’aujourd’hui ont été les pauvres d’hier et
seront souvent les pauvres de demain. Traqués par le fisc, victimes
des droits de succession, leurs avoirs consumés par les dévaluations,
leurs propriétés morcelées, partagées par
leur descendance, c’est à se demander où ils puisent le
courage, la foi d’entreprendre.
Pauvres riches ! Que ne ferait-on pour les aider dans l’accomplissement
de leur noble tâche, eux qui soutiennent à bout de bras
les colonnes du temple, eux qui par leur épargne, leur travail,
leurs mérites, la foi, la créativité et autres
vertus cardinales non moins indiscutées, alimentent la machine
économique en capital, créent la seule, la vraie richesse
: l’argent, clé du pouvoir, gage de considération ?...
GILDER n’a pas vu, ou feint de ne pas voir, l’irrésistible évolution
de notre monde industriel aux prises avec des usages monétaires
inadéquats. « Même Adam SMITH, écrit-il pourtant,
dont le nom symbolise l’ordre capitaliste, prévoyait sa décrépitude
finale : l’avènement ardemment souhaité d’une société
d’abondance dissoudrait les objectifs et les fondements mêmes
du. système » (p. 19).
C’était mal connaître l’esprit capitaliste. Périssent
les hommes plutôt que le système ! Pour en préserver
les mécanismes, pour sauvegarder le profit, une pléïade
de chercheurs besogneux n’a cessé, depuis un demi-siècle,
d’imaginer des séries de moyens propres à maîtriser
l’abondance ou à l’empêcher de naître, à éviter
la submersion des marchés par des crues de production temporaires
ou durables dans un certain nombre de secteurs. Armements, guerres,
spatial, nucléaire, aide extérieure, stockages, «
banque du sol », gaspillages, grands travaux non prioritaires
comptent ainsi parmi les principaux de ces moyens auxquels GALBRAITH
a cru devoir adjoindre l’extension des services publics, le tout financé
par le budget et l’inflation...
Le livre de GILDER donnera lieu à bien des exégèses.
Déroutant à plus d’un égard pour la pensée
classique, il sera pour beaucoup d’économistes, une mine d’informations
et une source de réflexions, en dépit de ses incohérences,
de ses contradictions, de ses ommissions, de ses paradoxes, écrit
dans un style émaillé d’envolées lyriques et de
métaphores. Mis entre les mains de néophytes, il peut
se révéler dangereux, néfaste pour leur formation,
en raison des pièges qu’il contient.
(1) Publié par Albin Michel.
L’EXPRESSION « médecine de pointe » évoque
une réalité bien différente des hôpitaux
ultra-modernes, pourvu d’un matériel « dernier cri »
; des opérations à coeur ouvert et des greffes d’organes,
de grands médicaments sans lesquels elles seraient impossibles.
S’il n’est pas question de refuser ces moyens aux malades pour lesquels
ils constituent le dernier recours, leur nécessité croissante
ne traduit pas un progrès ! Loin de là !
Le vrai progrès consiste à empêcher les gens de
tomber malades et non à laisser la maladie s’emparer d’eux pour
les soigner ensuite. On fait d’ailleurs beaucoup mieux aujourd’hui :
on rend les gens malades par les pollutions de toutes sortes : de l’air,
de l’eau, des aliments, par le bruit, les conditions de travail où
il entre pour beaucoup, les tracas imbéciles, etc...
Bien sûr, on objectera la fin des grandes épidémies.
Mais s’agit-il d’une victoire décisive ? Le paludisme, que l’on
croyait vaincu, a fait sa réapparition, les moustiques, vecteurs
du germe, deviennent résistants aux insecticides. Quant aux maladies
vénériennes, elles refusent de céder aux antibiotiques,
dont il faut sans cesse augmenter les doses. Et pour bien d’autres maladies
encore, c’est aussi vrai.
Ajoutez les maladies de dégénérescence, cancers,
allergies, rhumatismes, affections cardio-vasculaires, les maladies
mentales, et votre image du progrès médical sera quelque
peu ternie. J’allais oublier les maladies « iatrogènes
», dues aux médicaments. Elles progressent toutes.
Soyons clairs : il ne s’agit pas de nier les succès de la médecine
moderne. Mais on ne peut davantage fermer les yeux sur leurs contreparties.
La vraie réussite médicale ne saurait être de nous
réduire à un assemblage de prothèses ou à
nous transformer en perpétuels assistés médicamenteux.
On doit réserver ce genre d’intervention aux personnes ayant
épuisé leurs défenses naturelles. L’artillerie
lourde médicale sera d’autant plus un progrès qu’on l’emploiera
moins.
Au contraire, il faut savoir qu’un organisme vivant possède normalement
tous les moyens de défense nécessaires, pourvu que l’on
s’abstienne de le perturber. On peut gêner son fonctionnement
de plusieurs manières : par intoxication et carence de sels minéraux
en particulier, fatigue excessive, chocs émotionnels, etc...
Voilà justement les causes auxquelles s’attaquent les «
méthodes naturelles de santé ». Je garde volontairement
cette expression, bien que certaines d’entre elles aient un caractère
artificiel en apparence (acupuncture, courants électriques, etc.),
parce qu’elles stimulent des processus naturels. On doit bien reconnaître
à ces méthodes un pourcentage élevé de succès.
Elles sont nombreuses et généralement complémentaires
régimes alimentaires, cures de jeûne, homéopathie,
phytothérapie, applications d’argile, etc., en plus des thérapeutiques
mentionnées auparavant.
Quels qu’ils soient, tous les régimes alimentaires reposent sur
l’agriculture biologique. On ne saurait parler d’alimentation saine
sans produits sains, même en dehors de tout régime.
J’ai mentionné, dans la série d’articles consacrés
à l’agriculture biologique, l’amélioration obtenue par
quelques adeptes en matière de santé.
L’agriculture biologique préviendra aussi la pollution des eaux
par les nitrates. Le rapport Hénin en a révélé
l’ampleur (1).
Restent la pollution de l’air et celle de l’eau par des causes non agricoles.
Leur élimination relève de l’action collective. Mais là,
comme partout ailleurs, la véritable raison est le profit.
L’agrochimie est, de toute évidence, une impasse. Même
si l’agrobiologie n’a pas résolu tous ces problèmes, elle
représente l’avenir, le progrès véritable. Peu
importe qu’elle n’atteigne pas toujours les rendements de l’agrochimie,
s’ils ne représentent qu’un succès éphémère
et menacent la qualité des sols et la santé.
Constituant l’un des piliers d’une véritable politique de la
santé ; l’agrobiologie doit recevoir le soutien de la collectiité.
Il est vrai que sa généralisation rapide en même
temps que celle des autres méthodes naturelles de santé
provoquerait, en régime du profit, une telle catastrophe économique
! Je vous laisse conclure...
Ecologistes qui parlez toujours d’économies, remuez vos méninges
!
(1) Nature et Progrès, n° 72.
DEPUIS la grande crise économique de 1929, c’est-à-dire
depuis que la mécanisation, l’automation, l’électronique
prennent la relève des travailleurs en usine comme au bureau,
la recherche d’un emploi est devenue un problème et le plein-emploi,
un faux problème. La prétention de survivre grâce
aux 39 h/semaine conduit inévitablement à la fabrication
d’une production inutile, dangereuse, mais rentable, comme tout particulièrement
les armements de guerre. Pour justifier leur nécessité,
il suffit de créer ou d’attiser des situations conflictuelles,
ce qui, en raison de la puissance pénétrante des médias
et de la crédulité des foules, n’offre guère de
difficultés majeures. Rien ne sert d’aller loin pour le prouver.
Quoiqu’une guerre atomique soit impensable parce qu’aucun homme d’Etat
ne se sent disposé à être exposé aux mêmes
risques que le derniers de ses troufions, on n’en respire pas moins,
partout, une atmosphère de malaise. Il flotte dans l’air une
inquiétude indéfinissable, comme à l’approche d’un
séisme.
A partir du chaos de notre société, chacun voudrait voir
apparaître les prémices d’une nouvelle organisation du
monde. Pour qu’il en soit ainsi, force nous est d’abord de comprendre
les questions insolites qui nous assaillent, d’en mesurer la profondeur,
de découvrir les réponses écologiques qu’elles
exigent.
Hélas, nous sommes dépassés par l’accélération
de la révolution technologique dont foisonnent les exemples d’effets
négatifs :
- pollutions mutispécifiques (rivières, mers, atmosphère)
;
- menaces d’altération du climat entraînant la fonte des
glaces polaires ;
- croissance effrénée des populations pauvres dont une
moitié meurt de faim ;
- élimination définitive d’espèces animales sauvages,
tarissant, dans le Tiers-Monde, la source de protéines riches,
à la fois nourrissantes et régulatrices de la fécondité
féminine (2) ;
- scalp démentiel de la couverture végétale, plus
spécialement forestière, réduisant le libération
d’oxygène par le mécanisme de la photosynthèse
;
- Exploitation du Sud famélique par le Nord pléthorique,
cupide, impitoyable.
L’addition et l’enchaînement de ces agressions volontaires contre
la Nature conduisent à la destruction de notre biosphère,
c’est-àdire, l’espace planétaire au sein duquel, par une
succession de hasards prodigieux, se sont trouvé réunies
toutes les conditions propres à l’apparition de la vie, où
celle-ci s’est développée, transformée et se perpétuerait
en se perfectionnant pendant des centaines de siècles, si l’ogre
capitalisteindustriel, égoïste, ignorant, obsédé
par l’ambition de s’enrichir, cessait de démolir, un à
un, les rouages fragiles des équilibres que la Nature - pour
d’autres la Providence - a mis des milliards d’années à
construire.
Le temps nous reste-t-il et disposons-nous des moyens pour mettre ces
rapaces humains dans l’incapacité de poursuivre leur oeuvre de
mort ? Pourrons-nous sauver la vie de notre merveilleux petit vaisseau
spatial, perdu dans le Cosmos ? A ces questions ma réponse : est
: Oui !!
Cette brève synthèse devrait se dégager de la lecture
de mon livre, à la condition que j’aie réussi à
associer mes lecteurs à l’impératif d’un renouvellement
de nos principes et de nos valeurs, à une manière neuve
de penser et d’agir, à l’avènement d’une philosophie qu’Aurelio
PECCEI appelle Nouvel Humanisme et d’un système économique
que Jacques DUBOIN a appelé Socialisme Distributif.
(1) C’est le titre nouveau de la 2e édition de mon livre «
Un Ecologiste accuse ».
(2) Dans son livre La Géopolitique de la Faim (1971), Josué
de CASTRO fait la démonstration médicale d’une fécondité
accrue par manque de protéines animales.
Notre confrère « Europe Notre Patrie » (B.P. 512-02
75066 Paris Cx 02) rapporte qu’un quotidien à grand tirage publie
un article intitulé « Faites jeûner vos vaches ».
Des « savants » auraient constaté qu’une vache peut
rester un mois sans manger. Il suffirait de faire boire la bête.
Ces « savants » assurent que l’animal sortira de l’expérience
rajeuni. Notre confrère, indigné, imagine l’impact d’une
telle « découverte » sur les éleveurs insensibles
aux malheurs des bêtes et prêts à se jeter sur toutes
les nouveautés capables d’accroître la rentabilité.
Si les vaches peuvent vivre sans manger (un mois, on doit pouvoir améliorer
; les records sont faits pour être battus) plus besoin de prés,
de fourrage, plus besoin de personnel pour les sortir ou rentrer de
l’étable. Naturellement, ce que dame
vache peut accomplir, veaux, moutons, couvée doivent pouvoir
en faire autant ! Et « Europe Notre Patrie » de conclure
que l’animal domestique n’a qu’un plaisir : manger. La plupart ne peut
s’accoupler sans l’accord de l’homme, lequel leur mesure ce genre d’amusement.
Il ne leur reste que le repas pour trouver quelque agrément à
la vie. Si maintenant on le leur supprime !
De son côté Hilarius considérant que l’Homme est
indiscutablement le Roi des Animaux, il doit faire mieux qu’une vulgaire
vache. Plaçons le savant agricole qui a découvert le procédé,
dans un box. Clos par huissier. Donnons-lui de l’eau gratuite avec une
pipette, à volonté. Si passé un mois et un jour,
il est en mesure de répondre à l’interview de Petrus Belle
Marre, il a gagné.
« La barbarie encor tient nos pieds dans sa gaîne,
Le marbre des vieux temps jusqu’aux reins nous enchaîne
Et tout homme énergique au dieu Terme est pareil. »
Quelques fois, tout comme le poète, le chemin à parcourir
nous semble long, empêtrés que nous sommes dans ce «
marbre des vieux temps » de moins en moins noble et de plus en
plus cruellement absurde.
Le découragement atteint parfois son comble lorsque votre interlocuteur,
confronté, alarmé même par les proportions dramatiques
que prend la crise économique actuelle et ce, quel que soit le
gouvernement au pouvoir, cet interlocuteur donc vous lâche du
bout des lèvres cette « utopie » avec laquelle il
espère clore le débat.
Mais enfin d’où vient cette peur ? Pourquoi ne pas la saisir
cette utopie ? Prouvons-le au moins que c’en est une. Nous, nous risquons
le pari, il en vaut la chandelle. Le remède que propose A. Hunebelle
semble imparable. Les mesures concrètes qu’il propose ne sont-elles
pas infiniment moins utopiques que les promesses de créations
d’emplois ? Certains gouvernements, comme c’est le cas ici au Québec,
entretiennent soigneusement cette illusion alors même que s’effectuent
de sévères compressions budgétaires qui en suppriment
radicalement. Autre absurdité, on exerce des pressions morales
sur les syndiqués du secteur public pour qu’ils renoncent spontanément
» à toute augmentation de salaire et à certains
acquis au niveau de la retraite, mais on permet à messieurs les
banquiers de hausser impudemment les taux d’intérêt. On
est résigné à ce qu’on voudrait nous faire prendre
pour une fatalité. Réussirons-nous, avant qu’il ne soit
trop tard, à secouer ce fatalisme suicidaire de nos contemporains
? On ne peut plus ne pas être saisis de l’urgence de réfléchir
mais surtout d’agir sur les mécanismes économiques.
Si je parle d’urgence c’est que je suis frappée par le changement
de mentalités chez les jeunes quand bien même ils appartiennent
à des milieux favorisés. Les questions fondamentales ne
sont plus pour eux d’ordre « existentiel » mais reflètent
la brutale actualité de la crise, du chômage et de la guerre
totale. Ce pessimisme fait froid dans le dos et on ne peut plus, sans
impudence, les envoyer « cueillir les roses de la vie »...
Dans le face à face quotidien avec les jeunes on se sent honteux
de toute apathie. Pourquoi avoir troqué le Petit Chaperon Rouge
pour le Petit Prince ? On ne veut plus faire peur aux enfants ? Est-ce
pour leur réserver un vrai suspense, une vraie peur, pas celle
si dérisoire. du loup ou de l’an 1000, celle bien concrète
de l’an 2000, avec sa panoplie d’armes nucléaires ? Au moins
là avouons-le nous tenons une certitude : notre barbarie et le
pessimisme qu’elle engendre ne sont pas des utopies.
Un lecteur de Bruxelles nous transmet un article signé Jean
Candide du journal « Vlan », intitulé : POUR DES
CHOMEURS HEUREUX !
L’auteur estime qu’il y a bien trop longtemps qu’on lui rebat les oreilles
en parlant de crise... S’agitil bien d’une crise ?
« A présent, il s’agit de beaucoup plus que d’un simple dérèglement des marchés industriels et financiers. Il s’agit de la transformation inouïe et irréversible du système mondial de production, lequel s’appuie de plus en plus sur la robotique, l’informatique, la cybernétique, la télématique - et de moins en moins sur le travail humain. »
L’auteur signale un livre fort intéressant, un « maître-livre
» d’un ingénieur américain James Albus, spécialiste
des robots. Malheureusement il ne nous en donne pas la référence
(peut-être un de nos lecteurs nous l’enverra-t-il ?).
Cet ingénieur américain s’élève contre cette
notion de « salaire » qui nous asservit tous. Pourquoi revendiquer
sa stabilité, par exemple, alors que l’on peut demander des robots,
toujours plus de robots qui feraient tout le travail sans salaire, sans
sécurié sociale, tandis que chacun toucherait sa part
des bénéfices de cette production ?
D’autant plus que dans de nombreux secteurs c’est le travail humain
qui est cause principale des freinages et défauts de la production
!
A Manosque, l’entreprise Serathon a été contrainte de
déposer son bilan en décembre 1981, malgré tous
les efforts de ses quelque 90 salariés.
Un lecteur, F. Feldman, nous apprend qu’un véritable élan
de solidarité a poussé une quarantaine des anciens employés
de cette fabrique de meubles à mettre sur pied une coopérative
ouvrière pour la faire survivre.
Cette « SCOP » ne fait évidemment pas encore partie
de la coopérative des chômeurs du plan Hunebelle ; elle
va probablement chercher à être « compétitive
» et rester dans le système du profit !
Mais nous espérons bien que F. Feldman et tous les distributistes
de la région de Manosque sauront les aider à voir plus
loin.