S’IL est une leçon à tirer des suites de notre passage
télévisé à la « Tribune Libre »
de FR3 du 29 septembre, c’est bien que nous avons raison de poursuivre
notre combat pour faire connaître nos propositions. Que de lettres,
que nous n’avons pas la place de publier, sont venues nous dire : «
enfin quelque chose de nouveau, enfin des idées constructives
capables de mettre fin à la crise que personne, nulle part, n’ose
aborder avec l’imagination nécessaire ». Certaines disaient
« ce que vous avez exprimé, nous le sentions confusément,
mais c’est une conviction claire, constructive ».
Alors, lecteurs de la Grande Relève, que ceci vous encourage
! Nous sommes dans la bonne voie. Les faits nous donnent raison. Les
esprits démarrent : à vous de faire les gros efforts nécessaires
pour que s’ouvrent enfin tous les yeux !
DISTRIBUER LE TRAVAIL : OUI
En analysant bien les réactions rencontrées et les opinions exprimées dans les journaux les plus divers, il apparaît que l’idée de la nécessité de distribuer le travail, parce qu’il diminue de façon irréversible, est de plus en plus reconnue. De récentes émissions de télévision, (sur l’usine de Douai qui fabrique la Renault 9, par exemple), ont apporté une confirmation spectaculaire. La courbe que nous reproduisons en première page en est une autre, car outre leurs qualités techniques reconnues, les robots s’avèrent en détenir une autre, déterminante en régime capitaliste du marché : ils coûtent de moins en moins cher, au contraire de la main-d’oeuvre humaine !
MAIS DISTRIBUER LES REVENUS !
Par contre, la nécessité, pourtant parallèle,
de distribuer aussi les revenus, n’est pas ressentie en même temps.
On dit : « oui, il faut se partager le travail, mais sans abandonner
le système du marché. On y tient parce que la compétitivité,
et l’émulation qu’il entraîne furent source de tant d’inventions
! ».
C’est donc sur ce second point qu’il faut concentrer nos efforts. Et
c’est le plus dur, car on se heurte à des barrières du
genre « je ne comprends rien à l’économie, je ne
peux pas comprendre, c’est trop compliqué ». Ou bien «
ces lois du marché ont toujours existé... » (ce
qui est faux) ... « donc c’est une utopie de vouloir en changer
». On se heurte aussi à des professions de foi, et nos
gouvernants en semblent les adeptes, du type :, « avec une gestion
(toujours capitaliste) plus égalitaire, on va résoudre
la crise... ».
OU EST LA NECESSITE ?
Si nous reconnaissons que le capitalisme fut le facteur principal du
progrès, et nous somme prêts à lui élever
une statue pour manifester cette reconnaissance, nous n’en constatons
pas moins qu’il a fait son temps. Comme les chars à boeufs. Pourquoi
? Parce que le degré de technicité et l’ampleur des moyens
auxquels nous avons maintenant accès, font désormais que
laisser l’initiative des actions humaines à l’aiguillon du profit
non seulement n’est plus justifié par la nécessité
d’une certaine croissance à poursuivre, mais en plus fait courir
un risque énorme qui menace jusqu’à la survie de notre
planète.
Pour bien faire comprendre pourquoi la loi du marché ne nous
offre pas d’issue, il faut montrer dans quel sens elle nous entraîne.
On peut le faire par un exemple chiffré. Supposons qu’on en soit
arrivés au stade de notre évolution technologique où,
pour produire tous les biens de consommation d’une population donnée,
la nôtre .à l’heure actuelle par exemple, on ait de quoi
employer le quart de la main-d’oeuvre qui y était nécessaire
à l’époque de la semaine de 40 heures. Ajoutez un autre
quart, employé à assurer tous les services, d’éducation,
de santé, etc..., payé par la population active sous forme
de traitements, salaires ou honoraires versés directement ou
par l’intermédiaire de l’Etat.
De quoi peut vivre l’autre moitié de la population ?
De deux choses l’une. Ou bien tout le travail est distribué à
toute la. population qui doit par conséquent, dans notre hypothèse,
une moyenne de 20 heures de travail par semaine, et le pouvoir d’achat
de la production réalisée est distribué aussi à
toute la population. c’est l’économie distributive.
Ou bien on laisse faire la loi du marché. Où nous mène-t-elle
? Bien entendu, la moitié de la population qui a pu conserver
son emploi va continuer à travailler, en moyenne, 40 heures par
semaine et produire tout ce qui est nécessaire à la population,
en touchant des revenus corrects, bons, ou même très bons.
Mais l’autre moitié ? Pour « gagner » son pouvoir
d’achat, elle n’a pas d’autres possibilités que de le «
pomper » à la moitié que je qualifierai d’«
utile » de la population. Comment’ ? Mais par tous les moyens !
Au prix de n’importe quelles dégradations ! Et plus va croître
la proportion de travail automatisé, plus la loi du marché
va pousser de monde à vivre en parasites. Les plus « entreprenants
» vont chercher des créneaux, se lancer dans la fabrication
de gadgets dont le besoin ne se faisait pas sentir. Pour vendre, ils
vont faire travailler une horde de publicistes dont toute l’activité
sera de chercher à convaincre les gens qui ont des revenus, qu’ils
ne peuvent absolument pas se passer de ces gadgets, qu’on ne porte pas
un manteau de l’an dernier, qu’on ne sort pas sans être maquillé,
parfumé ou « aftershavé » ou qu’on ne peut
pas vivre sans une chaîne très haute fidélité
en quadriphonie. Ainsi l’industrie va tourner pour satisfaire ces besoins
artificiels de toute sorte, à seule fin, en fait, de faire passer
de l’argent d’une moitié à l’autre de la population, et
tant pis pour les conséquences qu’en sont gâchis de matières
premières et de cerveaux, pollutions ou risques variés.
C’est bon, puisque ça donne du travail ! D’autres personnes,
très douées, vont continuer à « gagner leur
vie » avec deux téléphones. Avec celui qui est à
portée de leur main droite, ils achètent une cargaison
de n’importe quoi, disons de pommes de terre, en imposant un prix de
misère au producteur, en lui expliquant que s’il n’est pas d’accord
on s’adressera à un autre, qui saura saisir l’occasion, car la
production est abondante. Puis de la main gauche, il téléphonera
à un grossiste, ou à tel mandataire, à qui il revendra
la même cargaison, sans l’avoir vue, et pour un prix fixé,
après quelques marchandages, au double du prix précédent.
Entre la main droite et la main gauche, le porte-feuilles de notre homme
d’affaires se sera gonflé d’un revenu égal à celui
gagné par le producteur. En échange de quoi ? D’un quart
d’heure d’âpres palabres, preuves sans doute d’un talent certain,
mais qui pourrait être mieux employé qu’à gonfler
ainsi les prix de toutes les productions et à faire croître,
inévitablement, l’inflation, fonction directe du nombre des intermédiaires.
Qu’importe pour le système du marché, les intermédiaires
font travailler un monde de secrétaires : il faut bien qu’elles
gagnent leur vie !
J’ai pris l’exemple du commerce des pommes de terre. Il ne tue pas grand’monde.
Mais que dire du commerce des armes ? Faut-il vraiment, pour faire tourner
l’économie, qu’il y ait aussi des représentants en munitions
qui gagnent leur vie en persuadant les peuples sous- informés
que leurs voisins ont des moyens énormes et que, s’ils ne. font
pas l’achat des armes magnifiques, dernier cri (sans humour noir) qu’on
leur propose, ils seront exterminés dans les plus brefs délais
? Et qui s’empressent d’aller tenir ensuite les mêmes propos aux
dits voisins...
Toutes ces activités ne trouvent de « justification »
que dans le régime du libéralisme économique parce
qu’elles sont le seul moyen pour les « débrouillards »,
les « entreprenants », les « combinards » de
faire transiter par leur poche les revenus des autres. Quant au reste
de la population, à ceux qui ont l’honnêteté de
reconnaître que la société, pour vivre, n’a plus
besoin de leur travail, qu’ont-ils donc pour vivre, en économie
libérale ? Les indemnités de chômage qui leur sont
versées comme une aumône, prélevées par l’intermédiaire
de l’Etat, sur les revenus que les autres croient avoir gagnés.
Ces versements, dans ces conditions, donnent aux chômeurs une
position d’assistés. Mais il y a pire. Il y a aussi tous ceux
qui, ne figurant dans aucune de ces catégories, n’ont plus que
la mendicité, le vol... ou le suicide.
Voilà pourquoi le libéralisme a atteint ses limites :
la situation qu’il entraîne n’est plus humainement supportable.
L’échec des politiques monétaristes chères à Mrs Thatcher, Reagan et autres conservateurs, sans parler des nostalgiques de V.G.E. et du gros Raymond, est chaque jour plus évident : en Grande-Bretagne, le chiffre de trois millions de chômeurs est atteint ; aux EtatsUnis, tout laisse penser que l’économie va entrer véritablement en récession, et malgré les coupes sombres pratiquées dans les budgets sociaux, le déficit budgétaire reste élevé et le déficit de la balance commerciale pour la période allant de janvier à mai 1981 a dépassé seize milliards de dollars. Le gouvernement français a choisi une politique économique diamétralement opposée à la’ politique monétariste mais les résultats se font encore attendre.
*
A en croire les déclarations des divers ministres français,
on devrait pourtant continuer à espérer. En effet : c’est
le Premier ministre, M. Mauroy, qui déclarait le 8 juin dernier
au Club de la Presse d’Europe N° 1 : « Nous sommes devant
une troisième mutation technologique... La politique du gouvernement
est de faire en sorte que l’homme soit maître de la machine...
».
C’est M. Rocard qui, le 11 juin, disait au 57e Congrès des Coopératives
de Consommateurs : « La vocation fondamentale qui est aux origines
des activités coopératives et mutualistes est bien de
reconnaître la primauté de l’individu sur l’argent, de
l’adhérent en tant que partie prenante de l’activité économique
et pas seulement dans son statut de salarié ou de client ».
C’est M. Mexandeau qui disait dans une interview dans le « Monde
Informatique » du 21 septembre : « Le combat pour l’emploi
est le premier objectif du gouvernement. Mais il serait tout à
fait vain de fonder la création d’emplois sur autre chose que
la satisfaction de besoins sociaux ou économiques véritables
». C’est encore P. Mauroy qui, à propos des nationalisations,
déclarait à la radio-télévision autrichienne
: « Nous voulons la maîtrise de l’économie. Il faut
nécessairement être présent aux endroits stratégiques
de la vie économique. Comment voudriez-vous mobiliser la jeunesse,
entretenir l’espoir, s’il n’y avait pas, à côté
de l’économie de marché avec ses contraintes (...) un
secteur de référence, une sorte d’oasis (...) , un secteur
où il y aura de grandes performances sur le plan industriel (...)
où il y aurait des expériences très poussées
sur le partage des responsabilités entre ceux qui commandent
et ceux qui subissent le commandement, un champ d’expérimentation
où nous pourrons appliquer ce que nous appelons l’autogestion
».
*
Le malheur, c’est que pour mettre en pratique toutes ces bonnes déclarations,
il faut sortir pour de bon de l’économie de marché. Il
faut cesser de proclamer que le retour au plein emploi s’obtiendra en
relançant la demande et en investissant. Il faut avoir le courage
de dire que tous les investissements qui seront faits supprimeront des
emplois au lieu d’en créer. Bien sûr, il faut produire
plus pour aider, gratuitement, le Tiers-Monde. Ce qui pourra un peu
freiner la montée irréversible du chômage. Mais
pour que tout cela soit possible, il faut changer totalement de système
économique : il faut réduire énormément
le temps de travail sans diminution de salaire ; et, pour que les entrepreneurs
puissent le supporter, il faut une monnaie qui soit uniquement une monnaie
à usage interne, une monnaie de consommation, les achats indispensables
à l’extérieur étant réglés par des
accords de troc.
De tels accords de troc n’ont rien d’extraordinaire et sont souvent
pratiqués : un exemple récent vient d’être donné
par l’Algérie qui a décidé de payer en pétrole
brut (ça nous intéresse, non ?) ses gros contrats d’importation.
Il est vrai qu’officiellement on n’appelle pas ça des accords
de troc mais des accords de « compensation ». Ça
change tout !
*
C’est le seul moyen d’échapper a la tyrannie du dollar. Le dollar que les Américains manipulent à leur convenance. C’est ainsi que pour payer ses factures, le gouvernement américain vient de recevoir du Sénat l’autorisation d’effectuer une émission supplémentaire de Bons du Trésor. Ce qui porte la dette publique des Etats-Unis à 1 079 milliards de dollars, soit l’équivalent de 4 694 dollars par Américain. Pourquoi les Américains seraient-ils les seuls à jouer avec leur monnaie ?
*
Autre fléau de nos économies, l’inflation dont on ne
sait plus très bien la définition. Alors, disons pour
ce qui suit, hausse des prix. Eh bien, vous serez ravis d’apprendre
que pour lutter contre les excédents de matières grasses
végétales qui menacent l’Europe Occidentale avec l’entrée
de l’Espagne et de la Grèce (sans jeu de mots) dans le marché
commun, la Commission Economique Européenne envisage d’appliquer
une taxe de 600 francs par tonne sur toutes les huiles produites ou
importées dans la Communauté. Outre les 4 milliards de
francs de recettes supplémentaires que cela rapportera à
la Communauté, la Commission estime que « cela aura l’avantage
d’augmenter les prix à la consommation de 4,6 % pour la margarine
et de 8,5% pour les huiles. Afin d’aider les producteurs d’huile d’olive
qui serait, elle aussi taxée, on accroîtra les aides de
la Communauté.
C’est beau la technocratie !
LE Larousse de poche définit l’argent : « Métal
blanc. Toute sorte de monnaie », et la monnaie : « Pièce
de métal frappée pour servir aux échanges. Fig.
: moyen d’échange ». Moyen d’échange en tant que
représentant la valeur des produits échangés. Donc
« étalon » de valeur. Chaque pays dispose de sa monnaie
propre et définit la valeur de ses richesses et services de tous
ordres grâce à ladite monnaie. Mais n’importe quel pays,
groupe ou individu, peut acheter » cette monnaie plus ou moins
cher. Car cet « étalon de valeur » s’achète
et se vend comme une marchandise, et personne, jamais, ne sait ce qu’il
« vaudra » dans l’heure qui suit. La valeur des produits
peut rester fixe, le « moyen » de leur échange ne
l’est pas. La monnaie est le seul étalon « variable »
connu. Il paraît que c’est normal.
La monnaie, a été et peut encore être basée
sur l’or (métal utile seulement à la bijouterie, la prothèse
dentaire et certains travaux de laboratoire. Mais la valeur de l’or
varie à chaque heure. Il paraît que c’est normal.
Certains pays n’acceptent pas le règlement de leurs produits
dans la monnaie du pays acheteur, mais exigent ce règlement en
monnaie d’un autre pays, le dollar par exemple. Il paraît que
c’est normal.
Les pays les plus riches du monde ont été précipités
dans une crise épouvantable, en 1929, parce que des spéculateurs
américains avaient perdu la tête. Les dits pays, possesseurs
de richesses restées intactes après - comme avant - ce
cataclysme, se sont retrouvés plus malheureux que les pays les
plus démunis de tout. Il paraît que c’était normal.
Le monde est aujourd’hui au coeur d’une crise économique qui
ne cesse de s’amplifier, et en particulier ces derniers jours parce
que l’un des pays les plus riches se livre à des manipulations
qui ont fini par rendre son dollar aussi dangereux que la dynamite.
On peut se priver de dynamite, on ne peut pas se passer de dollars.
Il paraît que c’est normal.
Tous les pays riches pourraient exploiter leurs richesses, les consommer,
les exporter, acheter celles qui leur manquent, « vivre heureux
et sans soucis ». Ce n’est pas possible parce que les systèmes
économique et monétaire du monde les en empêchent.
Il paraît que c’est normal.
Le système en vigueur, dit « économie de marché
impose la « concurrence », qui nous a mis, aujourd’hui,
en état de guerre économique ouverte (dixit M. CHEYSSON,
après bien d’autres) , avec pour résultat cette crise
que l’on déplore tout en refusant d’examiner les moyens, connus,
pour en sortir. Il paraît que c’est normal.
Cette crise, caractérisée par l’inflation et le chômage,
interdit l’arrêt de la fabrication d’armes, qui assure beaucoup
d’emplois (et prépare la guerre) et leur exportation (qui la
facilite chez les autres) mais permet l’indispensable « équilibre
de la balance des paiements ». Elle impose aussi, à des
pays qui ne savent pas quoi faire de leurs richesses, « l’austérité
», remède préconisé pour réduire l’inflation
et défendre le franc.
Nous nous foutons du franc, nous refusons de crever pour le dollar,
nous ne ferons pas la guerre pour l’argent. Parce qu’il n’est pas besoin
d’argent pour vivre, ni de dollars, ni de francs, mais de biens de consommation.
Nous en regorgeons - et nous les détruisons pour en sauvegarder
la valeur... sans songer à les « donner » à
ceux qui meurent de faim. Nous ne pouvons pas les donner parce que notre
système économique interdit tout acte « gratuit
». Toute activité doit être « rentable ».
On voudrait bien aider le Tiers, et le Quart Monde, mais ils ne peuvent
pas « payer ».
« ...Aucun signe tangible ne laisse prévoir un éventuel
infléchissement du cours des choses, et le système détraqué
reste fidèle à sa folle logique. La théorie économique
en honneur était déjà frappée par la coexistence
contradictoire de l’inflation et de la stagnation, et le mot «
stagflation » décrit ce qu’il n’explique pas... Et pourtant,
prisonnier d’une théorie à laquelle les faits ne répondent
plus, le système, coupé du réel, poursuit imper
turbablement sur sa lancée schizophrène. L’Occident évolue
en pleine économie-fiction ». Claude JULIEN, gérant
du « Monde », écrivait ces lignes dans « le
Monde Diplomatique » d’août 1978...
Alors finissons-en avec ce système dément. Réduisons
les monnaies nationales à un usage strictement intérieur
et déclarons le franc inconvertible, c’est-à-dire non
coté sur les places extérieures, comme l’est le rouble.
Dès lors la France sera vraiment indépendante parce que
la Finance Internationale ne pourra plus descendre en flammes le franc,
comme elle vient de le faire et ne manquera pas de le refaire si le
nouveau gouvernement semble tenté par un socialisme vrai. Comme
elle l’a fait pour l’escudéro d’ALLENDE. Quant au commerce extérieur,
il se porte fort bien avec les pays de l’Est, sous la forme de «
compensation », élégante formule définissant
le troc. Cette méthode peut s’appliquer avec tous les pays développés
et la plupart des autres.
Monnaies stables à l’abri des attaques intérieures et
extérieures :
- la sécurité et l’indépendance de chaque nation
sont assurées ;
- le cours des changes n’est plus qu’un souvenir ;
- la dictature de telle ou telle monnaie et la puissance illimitée
et redoutable qu’elle donne à ses possesseurs ne sont plus qu’un
cauchemar dépassé ;
- la compensation permet le commerce extérieur sans aléas
ni équilibre obligé à court terme.
D’autre part la concurrence n’est plus une guerre parce que le commerce
n’est plus une obligation : on ne produit plus pour vendre, mais pour
vivre, et faire vivre ceux qui manquent de tout, pour satisfaire les
« besoins » des hommes, tant matériels qu’intellectuels,
et non cette recherche lancinante du « profit », cet obscurantisme
devenu but obligé, unique et dégradant de la plupart des
hommes « civilisés ».
C’est cela, le socialisme, et c’est possible dès demain : le
monde a su sortir de l’esclavage, de la féodalité, des
monarchies absolues ; il doit sortir de l’économie marchande,
qui l’a fait vivre depuis que l’homme est l’homme, et qui désormais
les conduit à l’abîme, irrémédiablement.
Il doit entrer dans l’économie des besoins.
DEPUIS longtemps déjà nos économistes patentés,
d’abord pris de cours devant la grande dépression survenue après
la première guerre mondiale dans les pays industrialisés,
crise qu’aucun signe précurseur ne leur avait laissé prévoir
; devant le marasme des affaires, les faillites en série, l’inflation
galopante, le chômage grandissant et les troubles sociaux qui
l’accompagnent, mais non sans avoir cherché l’explication de
ce cataclysme dans les oeuvres poussiéreuses d’Adam Smith, Quesnay,
J.-B. Say ou Ricardo, leurs plus illustres prédécesseurs
; nos économistes patentés, dis-je, stoïques dans
le désarroi général, avaient tenté de nous
rassurer par cette affirmation optimiste érigée aussitôt
en dogme universel : « La machine crée plus d’emplois qu’elle
n’en supprime ».
Ces simples paroles, en mettant fin aux propos alarmistes de quelques
économistes attardés, ouvraient de nouvelles perspectives
aux tireurs de plans en détresse et autres doctrinaires du libéralisme
plus ou moins avancé qui mirent aussitôt leur matière
grise au travail pour sortir le monde civilisé de ce que l’on
n’appelait pas encore le merdier, mais qui n’en était pas loin.
Ce travail d’experts, après les inévitables tâtonnements
du début et l’échec provisoire de tous les redressements
définitifs auxquels nous avons assisté, a tout de même,
selon lesdits experts et n’en déplaise aux ricaneurs, donné
des résultats qu’ils estiment « globalement positifs »,
comme dit l’autre. Et c’est compte tenu de cette expérience que
le nouveau gouvernement s’est fixé comme objectif prioritaire
la guerre au chômage par la création de nouveaux emplois.
Eh bien, allez donc comprendre quelque chose à la science économique
et vous fier aux postulats les plus solidement établis, c’est
raté. Contrairement aux pronostics de tous les spécialistes
le nombre des chômeurs ne cesse de croître, comme le déficit
budgétaire et le taux d’inflation, en même temps que s’élève
la montagne des stocks excédentaires, et va bientôt atteindre
les deux millions. Et ce n’est qu’un commencement.
Jusqu’ici le secteur tertiaire, après avoir accueilli le monde
des campagnes chassé de ses terres par la monoculture, les engrais
chimiques, les oestrogènes, les pesticides et les anabolisants,
avait, tant bien que mal, réussi à absorber une partie
des chômeurs venus de l’industrie et remplacés par les
machines. C’est fini. La télématique, les ordinateurs,
les caisses enregistreuses électroniques, remplacent déjà
et remplaceront de plus en plus le personnel en surnombre des assurances,
des banques, des grands magasins et de l’administration. Et l’on ne
voit pas, dans l’état actuel des choses - même si c’est
encore l’état de grâce - quelle corporation, mise à
part l’industrie du casse-pipes, toujours florissante, merci, l’armée
toujours fin prête, qu’on se le dise, ou les pompes funèbres,
toujours à votre service, pourrait accueillir les deux millions
de chômeurs provisoires chassés à leur tour par
le progrès, et toujours en voie de recyclage.
Si vous avez une idée... Non Pas une ?.. Pourtant, et sans vantardise,
on n’en manque pas, en France. Et c’en était même une de
géniale pour le premier bipède qui l’a conçue,
d’inventer une machine qui allait travailler à sa place, le libérant
ainsi de sa condition d’esclave pour en faire un homme libre. Il n’avait
pourtant pas prévu, le gros malin, qu’il allait passer sans transition
du rang de travailleur exploité à celui de demandeur d’emploi
devant qui les portes se referment en claquant sur ces mots : «
On vous écrira ».
Alors, « Créer de nouveaux emplois », vous dites
? On veut bien, tu parles ! Et les deux millions de chômeurs secourus,
sans compter les autres, les pas vernis qui n’ont jamais vu un. bulletin
de paye, ne demandent pas mieux. Mais comment ? Pas facile, quand, grâce
aux progrès des sciences et des techniques - pardon si on rabâche
-. la production dépasse les besoins solvables et devient du
coup excédentaire.
Mais si la machine produit plus qu’on ne peut vendre faute d’acheteurs,
et si le chômeur ne consomme pas, ou si peu, pourquoi ne remplacerait-on
pas les machines par des chômeurs ? C’est idiot... Oui, je sais,
mais il n’y a pas d’autre choix dans notre monde à l’envers,
en dehors du socialisme distributif.
Après le refus de M. Charles Hernu de réduire à
six mois la durée du service militaire, comme promis, pour ne
pas aggraver le chômage, il reste une dernière solution
encore plus idiote : revenir au service de sept ans. Ça dressera
la jeunesse. Et si cela ne suffit pas, décréter la mobilisation
générale. Rompez ! En temps de guerre il n’y a plus de
chômeurs.
Le sort de la France n’est pas directement entre nos mains. Il dépend de ce que vont décider (ou non) nos élus dans les jours qui viennent... C’est donc spécialement à leur intention que je fais cet exposé qui insiste sur des choses dont les lecteurs, pour la plupart, doivent être convaincus depuis longtemps.
LE présent article n’est pas la suite directe de mes premiers
« Propos sur le Chômage » dont le texte a paru dans
le numéro de la « Grande Relève » de juillet
dernier.
La conclusion de cet article exposait la nécessité d’une
« Expérience de Transition » qui consistait à
mettre au point le fonctionnement d’une petite « Economie Distributive
limitée aux chômeurs et à leurs familles (c’est-à-dire
à moins de 10 % de la population française).
Je voulais vous démontrer qu’en limitant ainsi nos ambitions,
l’expérience est tout à fait possible dans un délai
relativement court.
C’est certainement ce que vous attendiez que je vous expose aujourd’hui,
mais depuis l’avènement au « Pouvoir Absolu » des
Socialistes, si l’on ne peut pas se plaindre qu’ils soient restés
inactifs (loin de là !), il me paraît beaucoup plus urgent
d’essayer de « leur ouvrir les yeux » car ils ne semblent
pas encore avoir compris « le vrai problème » auquel
il est vital de donner une priorité absolue.
Leur activité a été courageuse et parfois efficace,
mais elle a pris souvent des directions inattendues, et leur façon
d’aborder le problème du Chômage est stérile.
Or il y a quelques « Mesures-de-Salut-Public » (le mot n’est
pas trop fort !) que le gouvernement doit prendre sans délai,
s’il veut éviter, à très brève échéance,
les pires désordres et une catastrophe irréversible.
IL FAUT PENSER, EN PRIORITE, AU CHOMAGE ! MAIS EN SE GARDANTD’Y PENSER AVEC DES IDEES FAUSSES
Depuis quatre mois, notre très sympathique Président,
notre très sympathique Premier Ministre ainsi-que les très
sympathiques Ministres et Secrétaires d’Etat, clament sur-tous
les tons que leur première préoccupation est le Chômage...
Parfait !..
Et pourtant, si aujourd’hui une personne « curieuse et bien intentionnée
» demande à l’un de ces « très sympathiques
personnages » comment le gouvernement compte maîtriser ce
mal endémique - dont il est facile de prédire qu’il fera
« crever », à très brève échéance,
tous les pays occidentaux à régime économique «
échangiste »
il répondra que toutes les mesures qui ont été
prises et que prend actuellement le gouvernement sont inspirées
par cette constante et permanente préoccupation de « résorber
le chômage ».
Vous avez bien lu : Ils espèrent résorber le chômage.
Et voilà, exprimée avec la plus naïve candeur, la
plus monumentale « Idée Fausse » !
Car, il est tout à fait vain de penser à « résorber
le chômage » et il est tout à fait absurde d’espérer
qu’on pourra l’empêcher de se produire à l’avenir et de
se développer. C’est aussi absurde que de s’imaginer qu’on pourra,
demain, empêcher la pluie de tomber !
Le chômage est une conséquence des applications grandissantes
du « Progrès Technique » exactement comme la pluie
est la conséquence de la condensation de la vapeur d’eau contenue
dans les nuages.
On ne peut empêcher ces phénomènes de se produire
quand existent les conditions qui les provoquent.
Dans le numéro de la « Grande Relève » de
juillet dernier, André DUMAS a très judicieusement cité
des passages qui sont essentiels dans l’oeuvre du grand savant et philosophe
évolutionniste Pierre TEILHART DE CHARDIN, membre de l’Académie
des sciences depuis 1950 et reconnu unanimement comme l’un -des plus
éminents penseurs contemporains.
Dans « La place de l’homme dans la nature » (Seuil 1949)
il écrivait : « ,Rien n’est plus injuste ni plus vain que
de protester contre le chômage grandissant auquel nous conduit
inexorablement la machine » et DUMAS extrait d’une autre de ses
oeuvres « L’activation de l’énergie » (Seuil, 1947)
: « Je pense au phénomène du chômage qui inquiète
tellement les économistes mais qui, pour un biologiste, est la
chose la plus naturelle au monde ».
Comme on le voit ce « grand esprit contemporain » abonde
dans le sens de Jacques DUBOIN qui a eu le mérite d’exprimer
dans toute son oeuvre (avec toutes les preuves à l’appui) les
mêmes thèses... mais avec au moins une décennie
d’avance.
Nous avons tous ici adopté depuis toujours les conclusions de
ces deux grands penseurs et nous sommes, comme eux, bien certains de
cette « Vérité », de cette incontestable « Evidence » :
« Le progrès technique » - que rien ne pourra jamais
endiguer - augmentant sans cesse « le coefficient de productivité
» de chaque travailleur sera, chaque jour davantage, générateur
de chômage.
Et nous affirmons, comme une conséquence, que :
Aucune mesure, aucune décision gouvernementale, dans le Régime
Economique Actuel, ne pourra jamais « résorber le chômage
» ni même l’empêcher d’augmenter.
Oui, c’est pour nous (et quelques rares économistes clairvoyants)
une élémentaire « Evidence ».
Mais, nous vivons depuis bien longtemps dans une ère démente
et paradoxale, instaurée par GISCARD D’ESTAING et BARRE :
L’ère des « Evidences Méconnues »
Ce qui m’inquiète le plus, me stupéfie et m’indigne est
de voir se perpétuer cette ère depuis plus de quatre mois
par M. Mauroy.
Et c’est très grave, car nous avons malheureusement pu constater
à La « Grande Relève », que les Conseillers
Economiques de nos dirigeants (et spécialement celui de notre
Président) s’entêtent à méconnaître,
avec un souverain mépris, les plus limpides de ces « Evidences
». Comme incompréhension et aveuglément, ils pourraient
« rendre des points » à M. BARRE.
N’ont-ils pas, gravées dans leur esprit depuis une récente
émission de télévision, les images pourtant stupéfiantes
de cette usine de sidérurgie japonaise entièrement automatisée
qui, sous la surveillance de quelques dizaines d’ouvriers spécialisés,
arrive à produire journellement une quantité d’acier utilisable
pour l’industrie, supérieure à ce que produisaient un
an plutôt des usines non automatisées où s’affairaient
près d’un millier d’hommes ?
N’ont-il pas été convaincus en voyant plus récemment
au journal télévisé, le reportage très court
mais bien éloquent sur le fonctionnement d’une partie automatisée
de la chaîne de montage de la nouvelle Renault 9 ?
C’était à n’en pas croire ses yeux.
La télévision devrait passer fréquemment ces deux
reportages édifiants car il faut que le public tout entier -
et, parmi ce public, tout spécialement les néfastes conseillers
économiques de nos Grands Hommes Politiques qui n’ont pas encore
compris la réalité du problème - il importe, dis-je,
que tous les Français soient par cette répétition
d’images incontestables, tout à fait convaincus avec nous que :
Aucune relance des affaires, aucun programme d’expansion ne peut aujourd’hui
permettre de résorber le chômage, dans une proportion tant
soit peu appréciable. Il se développera de plus en plus,
quoi qu’on fasse, puisque le « Progrès Technique »
ne peut cesser de faire progresser constamment le coefficient de productivité
de chaque ouvrier...
En ce qui concerne l’utilisation des robots dans la grande industrie,
l’article de P. SIMON nous confirme (dans la Grande Relève d’octobre)
que l’industrie américaine qui en possède aujourd’hui
3 500 prévoit que son équipement arrivera en quelques
années à atteindre le chiffre impressionnant de 14 000
! Comment, après cela, ces « sourds-aveugles » dont
je fais le procès, peuvent-ils encore prétendre que l’on
peut trouver un moyen simple pour « Résorber le chômage
» ?
Etes-vous bien d’accord avec moi maintenant, quand j’affirmais plus
haut que « vouloir Résorber le chômage » est
une « idée fausse » ?
Toutes les patries se ressemblent. La patrie est partagée en
deux classes, la classe dominante et la classe dominée.
La classe dominante ne défend pas la patrie, elle défend
l’argent. La classe dominée croit défendre la patrie,
mais elle ne défend que l’argent de la classe dominante.
Le capitalisme n’a pas de patrie ; pourquoi le travailleur en aurait-il
une ?
Les sociétés anonymes tuent la saine économie.
En ’ effet, elles peuvent développer leurs affaires avec l’argent
des autres sans aucun véritable contrôle. Une loi les y
autorise.
Les épargnes des travailleurs sont ainsi à la disposition
de quelques inconnus qui s’en servent pour faire n’importe quoi et vendre
n’importe quoi à n’importe qui.
Cet argent fait grossir les profits au détriment des vrais producteurs.
« Les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain
qui feront les emplois d’après demain ». Formule séduisante
de nature à donner bonne conscience aux milieux patronaux et
à laquelle se sont ralliés maints gouvernements libéraux.
La réalité est tout autre : les profits d’aujourd’hui
font la grande bouffe immédiate. Ce qu’il en reste s’expatrie,
s’investit dans la spéculation, dans les valeurs refuges et l’emploi
fait tintin. Ce Schmidt est un farceur, seulement soucieux de justifier
le profit et l’austérité imposée au plus grand
nombre. Aussi les promesses visent-elles toujours le long terme. On
cherche à faire prendre patience aux victimes d’une expansion
sans fin appelant des investissements perpétuellement accrus,
c’est-à-dire des privations quasi-éternelles, pendant
que les nantis se remplissent la panse.
LES vaincus du dernier Trafalgar électoral affirment que Mitterrand
et ses équipiers seront impardonnables d’échouer, ayant
en mains la totalité ces pouvoirs. Et d’énumérer
: Présidence de la République pour 7 ans ; majorité
absolue à la Chambre ; puissance syndicale ouvrière à
disposition ; en face, rien ou presque : leur simple opposition quasi
symbolique.
Voyons de plus près. Le Président de la République
n’a pas plus de pouvoirs que n’en disposait leur chef, de Gaulle. Plutôt
moins, puisque Mitterrand ne se propose pas de violer la Constitution,
comme le faisait de Gaulle sans se gêner, malgré les cris
de « Forfaiture » lancés par un courageux Président
de Sénat, Gaston Monnerville. Ce serait plutôt le contraire
: Mitterrand fait supprimer la « Cour de Sûreté de
l’Etat », la meilleure trique contre les adversaires politiques
(Canal, Bastien- Thierry, Salan, Zeller, Challe, autonomistes bretons,
corses).
Majorité à l’Assemblée Nationale certes (pas au
Sénat, mais tout autant que les Gaullistes d’antan. Ils y avaient
conquis le glorieux titre de « Godillots du général
» pour voter, avec dextérité, le contraire de ce
qu’ils avaient voté la veille. Il suffisait que leur Deux étoiles
leur en donne l’ordre. Et, comme il était un spécialiste,
de l’ordre et du contre-ordre, dans la même phrase, les godillots
claquaient les talons en permanence.
On verra si les députés socialistes sont ces savates en
votant cemain pour la réédification de la Cour de Sûreté
de l’Etat, pour le maintien ces libérateurs soviétiques
en Afghanistan, etc., à la requête de François.
Quant à la puissante syndicale ouvrière, elle est bien
surfaite. Si l’on peut toujours faire éclater une grève
(même par ces jaunes) la puissance du syndiqué (y compris
celle d’un délégué) est bien pâlote face
à celle de son patron ! Les patrons, en voilà une autre
puissance ! Bien que minoritaires dans le pays, ils détiennent
ces pouvoirs autrement persuasifs. Et de quel côté sont-ils,
les patrons ?
Maladroitement, mais officiellement, le Patron ces Patrons, François
Ceyrac (Administrateur chez Dreyfus, de Wendel, S.A. Fonderie de précision,
Sidelor, Peugeot, etc.) est descendu dans l’arène pour prendre,
au nom du Conseil National du Patronat, position en faveur de Valéry
Giscard, dit d’Estaing.
Voici déjà ces opposants de marque. Mais ce n’est que
la partie visible de l’iceberg. Il en est d’autres. Les « groupes
de pression » existent : betteraviers, trusts industriels, alimentaires,
de presse, de l’industrie lourde, du tourisme, ces alcools, pharmaceutiques,
chimique, atomique, informatique, bancaires, etc. On en oublie et ces
plus massifs. Il est prévu que quelques-uns perdront une part
de leur liberté (sans pour autant perdre leur indemnisation).
Peut-on soupçonner qu’ils se laisseront déposséder
sans réagir ?
En surface, ils joueront la soumission. Dans l’ombre, ils ont déjà
pris leurs dispositions, arrêté leur stratégie.
La Trilatérale n’est pas faite de novices.
Car voilà bien où le pseudo raisonnement ces gaullistes
et gaullo- giscardiens est mensonger. La gauche n’a pas TOUS les pouvoirs.
Comme en 1936, elle a devant elle, invisible, insondable, mais tragiquement
omniprésent, le « Mur d’argent ». Les « 200
familles » ne sont pas un mythe (1).
Ces gens de l’obscurité feutrée ont investi l’Etat dès
avant de Gaulle, et ils l’ont conquis sous Giscard. Ils ont placé
10 000 employés, avec fonction de Conseillers d’Etat, Préfets,
diplomates, officiers supérieurs, chefs ces grands services administratifs.
On ne peut les reconnaître que lorsqu’ils partent à la
retraite et ceviennent administrateurs, P.d.G. où directeurs
chez Dassault, Borel, Trigano, Rothschild, Carrefour, BSN, Gervais-Danone,
Pont-à-Mousson, Rhône-Poulenc, Hachette et autres bonnes
compagnies.
Là est la toute puissance.
Comment expliquer autrement qu’un chef d’Etat étranger, tel Reagan,
puisse se permettre de critiquer le choix de ministres français,
désignés légalement par un Président français,
régulièrement élu par les Français ? Ajoutant
à ses propos déplacés ceux menaçants de
ses adjoints ! Sachant que le sentimental n’a pas cours légal
dans les relations inter nationales, force est d’admettre que ces menaces
trouvent leur source dans les intérêts matériels
froissés, dans notre pays, par l’expérience socialiste
débutante.
Ces intérêts sont donc bien forts pour trouver audience,
aussi vite, auprès du plus haut personnage de la première
puissance de la planète. Cela démontre une solidarité
efficace.
Cela démontre aussi la veulerie ces hommes écartés
du Pouvoir. Ils se pavanent maintenant à la Télé,
énonçant sentencieusement « Nous l’avions prévu,
votre « Changement » ne plaît pas aux USA ».
Eux, dont la litanie était de vouloir une politique nationale
au seul service de la Nation, au premier coup de semonce, les voilà
dans le camp de l’étranger. (Messmer, sincère ou habile,
a condamné les propos américains).
Le Président de la République, l’Assemblée Nationale,
le tiers du Sénat, les syndicats ouvriers et le Peuple Français
peuvent se dresser quasi unanimement, contre le Bloc de l’or, ils n’ont
pas gagné d’avance. L’Avenir est à la lutte.
(1) Lire « Les 200 familles au pouvoir » H. Coston 1977. Ed. DPF Chiré/Montreuil 86190 Vouillé.
DEPUIS des mois, des remous considérables se produisent sur
les marchés monétaires. Le phénomène le
plus remarqué a sans doute été l’ascension vertigineuse
du dollar, à la grande consternation des autres pays. On le sait,
les échanges internationaux se règlent essentiellement
en dollars et, si la valeur du billet vert monte, les factures s’alourdissent.
Nous l’avons tous constaté plus d’une fois en passant chez le
pompiste.
Pourquoi le dollar, si faible en janvier et en juillet 1980, où
il ne valait guère que quatre de nos francs, s’est-il soudain
redressé ? Le mérite, si mérite il y a, en revient
à la politique monétaire des présidents Carter
puis Reagan, le second ne faisant que renforcer considérablement
les dispositifs mis en place par son prédécesseur. On
en connaît le principe. Afin de freiner la création de
monnaie par les banques, l’Etat impose des taux d’intérêts
exorbitants qui atteignent et dépassent 20 %. L’entreprise ou
le particulier qui a besoin d’argent pour quelques jours ou plus, paient
des remboursements dissuasifs. On emprunte donc moins pour financer
la production et les achats, donc l’économie se ralentit et le
chômage se développe.
Ce qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres, c’est-àdire
des spéculateurs à la recherche de bonnes affaires. Il
y a de par le monde des capitaux flottants qui se déplacent rapidement
d’un marché financier à un autre selon qu’il est plus
avantageux d’acheter du dollar ou du mark, par exemple. Il est impossible
d’en chiffrer le montant, mais les sommes qu’ils représentent
sont colossales. On sait, par exemple, que le Koweit a confié
plus de 7 milliards de dollars à des banques américaines
pour qu’elles les fassent fructifier.
Les taux d’intérêt élevés pratiqués
aux Etats-Unis constituaient donc une aubaine pour ces capitaux flottants
rassurés par les déclarations du Président et de
son équipe, promettant de ne pas modifier leur politique monétaire.
Il y a quelques semaines, cependant, un reflux s’est produit. Devant
le spectre d’une authentique récession s’installant aux Etats-Unis,
les parlementaires ont manifesté leurs inquiétudes. On
les comprend, leur réélection intervient en 1982 et l’électeur
américain ne fait pas de cadeau. De plus, il y a de moins en
moins de gens qui croient que le Président Reagan va ramener
la prospérité dans le pays. D’où le désenchantement
qui a poussé le gouvernement à lâcher un peu de
lest et à laisser les taux d’intérêt baisser quelque
peu. Il n’en a pas fallu davantage pour que les capitaux flottants se
détournent du dollar et servent à acheter du mark ou de
l’or dont les cours ont d’ailleurs monté. Si bien qu’en quelques
jours le dollar a perdu près de 12 % de sa valeur.
Les investisseurs sont volages. Leur pactole s’en ira là où
il peut le mieux se valoriser. En toute logique on ne peut leur reprocher
d’agir ainsi. Qui regarderait sans réagir ses avoirs fondre au
soleil de l’inflation ? Mais comment peut- on espérer construire
des échanges internationaux sains si des soubresauts aussi terribles
affectent les moyens de paiement ? Pourquoi placer tout son capital
dans des entreprises qui produisent et donnent du travail, si on gagne
plus et plus vite en jouant les monnaies les unes contre les autres
?
Tant que les pays n’auront pas mis sur pied une politique monétaire
raisonnable qui interdit une spéculation effrénée,
l’économie mondiale sera malade, même très malade
comme elle l’est actuellement. Pour financer l’expansion économique,
on a créé partout des capitaux en quantités colossales
qui doivent se placer quelque part sous peine de disparaître.
Il semble peu probable qu’on les maîtrise par les moyens classiques.
Le retour à l’équilibre n’est pas pour demain.
L’important est de produire pour consommer, pour équiper, pour
entretenir l’outil de production et les infrastructures, assurer l’éducation
et la culture. En conférant au, profit un rôle prépondérant
en matière d’agencement de l’emploi et d’utilisation des moyens,
en plaçant la production au service du profit, prioritairement,
la règle du jeu capitaliste a conduit aux gaspillages, au malthusianisme,
à la stérilisation de maintes virtualités en matière
de recherches, à négliger la qualité, à
combattre l’abondance.
On a donné à la richesse une interprétation pour
le moins aberrante. Elle n’est synonyme ni de quantités ni, souvent,
d’utilité. Transmutée en abstraction comptable, elle se
mesure en droits à consommer que se disputent différentes
parties prenantes exclusivement préoccupées de leur courir
après et y consacrant la majorité de leurs activités.
Des nuées de parasites vivent ainsi du travail productif accompli
par autrui, se bornant à manipuler l’argent. Deux tiers des personnes
actives sont ainsi mobilisées au service de la circulation monétaire,
leur agitation n’ayant d’autre finalité que de former revenus
et profits en gaspillant emplois, énergie, matériaux et
ressources naturelles.
S’enflamment pour justifier un pareil système, ceux-là
auxquels une série de conventions portant sur les droits du capital
accordent d’exorbitants privilèges, celui notamment de s’auto-rémunérer
à travers les prix à des taux souvent abracadabrants,
eu égard au temps passé et à la nature’’ ou à
la qualification du service rendu.
Réponses (suite) à G. Krassovsky
...Comme G. Krassovsky, j’ai lu la brochure de Marcel Dieudonné
; mais j’ai lu aussi tous les ouvrages de Jacques Duboin ; ce que ne
semble pas avoir fait notre disert penseur. Car s’il l’eut fait, il
n’eut certainement pas passé à côté de la
merveilleuse théorie de l’Economie Distributive Il ne l’a pas
comprise...
Il n’y a pas de raison pour qu’un individu soit vorace, insatiable dans
le profit, et plus exigeant, dans une société d’Abondance.
Ce malade-là serait l’exception et relèverait d’une anomalie
mentale qu’il conviendrait de traiter afin qu’il ne fasse pas le mal
autour de lui. Dans la société distributive - qui ne comportera
plus de « goulags » psychiatriques, mûs par le profit
- ses semblables s’efforceront d’expliquer à cet anormal l’inutilité
de sa conduite égoïste. (Somme toute, la meilleure thérapeutique
serait de le laisser tout seul percevoir sa part - son revenu social
- ce qui le dissuaderait à la longue de ses exigences maladives,
puisqu’il verrait qu’il ne manque de rien et qu’il pourrait satisfaire
ses besoins à l’égal de tout le monde et même au-delà).
Grâce à la machine - la technologie - l’abondance des produits
de consommation est possible. Donc la vie économique des individus
n’est pas la ration, mais la suffisance de tous les besoins. Peut-on
comprendre, dans ce cas, que l’humanité ne peut avoir que deux
façons de se comporter : celle qui existe aujourd’hui et qui est
l’inévitable appât du gain ; donc l’irresponsabilité.
Et celle que la société distributive imprègnera
d’elle-même aux humains dans la solidarité, la fraternité,
parce que l’assurance des besoins satisfaits le déterminera.
Il est donc normal qu’en échange de la satisfaction des besoins,
les hommes acceptent un Service Social pour assurer la pérennité
de l’abondance, donc du bien être. Rien n’est changé dans
l’activité créatrice des hommes, si ce n’est l’absence
de profit, moteur de toutes les inégalités du régime
capitaliste. La société distributive n’est pas la pagaille
ni le désordre que d’aucuns supposent. L’existence même
d’une société confirme une organisation. Il n’y a donc
pas de motif pour qu’une personne, sous prétexte qu’elle est
libre, ait des attitudes irréfléchies. Mais cette organisation,
du fait même de l’égalité économique qu’impose
l’abondance, ne sera plus hiérarchique comme aujourd’hui, mais
décentralisée par des usages fédératifs,
à la manière fonctionnelle du syndicalisme authentique...
par exemple. Mais, M. Krassovsky a-t-il une idée sur la valeur
de ces termes ? Il se place dans la conjoncture capitaliste pour raisonner
et ne peut voir dans l’agissement des êtres que leur déterminisme
en régime marchand. Il ne peut pas s’en libérer, ni se
placer par la pensée dans le cadre d’une Société
NON capitaliste. C’est le sentiment de l’injustice - et de plus maintenant,
ce qui renforce mon idéal, la venue de la technologie - qui me
fait sentir, rêver, désirer ardemment une société
égalitaire, fraternelle, parce que réalisable ! La voit-il
cette Justice ? Sent-il cette égalité entre les hommes
? J’en doute car les arguments conservateurs qu’il avance et les exemples
mésséants qu’il cite. Il ne peut se détacher des
visions de possession ou d’avidité parce qu’imprégné
de l’habitude de pensée de la culture capitaliste.
En résumé, je n’ai rien contre l’homme que j’estime pour
avoir abordé ce sujet. Mais je suis résolument contre
les déductions qu’il propulse, qu’il croit devoir soutenir qui
font voir l’homme comme incapable de se conduire en responsable. Et
cette RESPONSABILITE, qui ne peut exister en régime marchand,
sera automatiquement la résultante de la société
distributive parce que dans cette société différente
le profit n’existe plus !
M. Lucien Bigoureau, de Lyon, nous dit qu’à 81 ans il passé une merveilleuse retraite grâce à « l’économie distributive » qui lui procure une occupation morale idéale. Il répond à M. Krassovsky qui estime que si une économie distributive distribuait tout gratuitement, personne ne voudrait plus travailler. Il lui recommande la lecture de « Cent ans après » d’E. Bellamy (1880) (lequel, entre autres avait prévu la carte de crédit) . C’est un dialogue entre deux personnages dons l’un est du XIXe siècle, l’autre du XXe.
- « Quelques hommes font, vous le savez bien, deux fois plus
d’ouvrage que d’autres. Eh bien, ces ouvriers plus habiles sont-ils
contents de rester au même niveau que les paresseux ?
- Comme nous exigeons absolument le même service de chacun, nul
ne peut se plaindre d’injustice, répondit le docteur.
- Mais cela n’est pas possible, comment égaliser ainsi le travail
quand il n’y a pas deux hommes avant exactement la même force
?
- Rien de plus simple, il est convenu que chacun doit travailler de
son mieux.
- Eh bien, si chacun travaille de son mieux le travail de certains dépasse
de beaucoup le travail de certains autres.
- C’est vrai, dit le docteur, mais la quantité produite n’a rien
à voir avec la question de mérite. Bien mériter...
voilà la question morale ; or la quantité produite n’est
que matérielle. Ce serait une logique bien extraordinaire que
celle„ qui voudrait déterminer la question morale par la
question matérielle. Faire son possible selon ses forces, selon
ses moyens, c’est tout ce que le gouvernement demande ».
M. Bigoureau ne veut pas recopier tout l’ouvrage mais souhaite qu’après ce bref extrait, M. Krassovsky s’empressera d’acheter ce livre.
RASSUREZ-VOUS, mon propos n’est pas de vous entraîner dans des
considérations physiques ou métaphysiques sur les vastes
problèmes que pose la Relativité même restreinte,
mais plus prosaïquement sur le temps dont disposent ceux de nos
camarades qui assurent la fabrication de notre mensuel.
Pour l’essentiel, il est rédigé et administré par
un tout petit nombre qui y consacrent des heures prises non seulement
sur le temps de repos, mais qui plus est, de sommeil !
C’est dire qu’il est de notre devoir de les aider et non d’alourdir
leur besogne. C’est pourquoi je regrette que le « Courrier des
lecteurs » fort intéressant en général, et
qui constitue une preuve de vitalité, soit quelquefois abusivement
utilisé par des correspondants enfonçant laborieusement
des portes largement ouvertes depuis bien longtemps telles que «
ils ne travailleront plus » des bénéficiaires de
l’esclavage et ensuite du servage ou encore « sans l’aiguillon
du profit rien à espérer », fruit des conceptions
mercantiles dont sont, hélas, depuis des siècles, imprégnés
et pervertis les cerveaux des hommes.
C’est à une tout autre conception de la vie sociale que nous
convie Jacques Duboin. Il faut le lire et le relire, et pour le moins
avoir présents à l’esprit les points essentiels rappelés
à chaque parution aux pages 2 et 4 de notre couverture. Faute
de quoi les réponses à vos lettres ne pourront répéter
le B.A. BA des prémisses de nos thèses.
Ne mettez pas nos rédacteurs dans cette bien pénible obligation
qui n’est pas sans similitude avec le supplice quotidien et stérile
d’un Sisyphe remontant inlassablement son rocher ou à celui des
Danaïdes tentant consciencieusement de remplir un tonneau sans
fond !
Cet exercice d’hydraulique appliquée me conduit tout naturellement
à en évoquer un autre choisi par Georges Krassovski :
une fuite d’eau dans une salle de bains, faute de pouvoir trouver un
plombier, se transforme en une cataracte entraînant dans son déferlement
le corps social tout entier ! Ce camarade devrait orienter son imagination
débordante vers un sujet plus sérieux. Celui par exemple
de la formation des prix, des mécanismes de détermination
des besoins en économie distributive, études qui lui permettraient
de fixer ses idées aussi bien que celles de nombreux lecteurs.
Notre ami Henri Muller qui s’est avec talent longuement penché
sur ces questions et qui possède une documentation hors pair
pourrait sans aucun doute, dans une correspondance particulière,
lui en faire saisir les arcanes. Le condensé de ces échanges
épistolaires pourrait alors fournir la matière à
une belle série d’articles à paraître dans la Grande
Relève.
Amis connus et inconnus, une fois encore, lisez et relisez Jacques Duboin.
Lisez « Cent ans après » d’Ed. Bellamy qui il y a
près d’un siècle réduisit déjà à
néant les objections qui nous sont faites aujourd’hui. Et pour
être au niveau des possibilités immenses que nous offrent
sciences et techniques, faites de la « Troisième Vague
» de Topfler votre livre de chevet et pour l’amour de Dieu épargnez
nous les poncifs éculés !
Et puisque j’invoque le Tout- Puissant, il convient également
de convaincre les croyants de toutes religions, que la malédiction
divine : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front
» n’est plus de mise aujourd’hui ; encore que trop tôt,
des petits malins aient biseauté les cartes pour en faire, en
substituant un possessif à un autre, le « Tu gagneras MON
pain à la sueur de TON front ».
Un autre très fidèle et très qualifié ami
ne demanderait pas mieux, j’en suis certain, de faire sur ce plan le
même effort que celui d’Henri Muller et de dégager de ces
discussions sur le plan moral une synthèse à paraître
dans nos colonnes, je pense à Marcel Dieudonné.
Le « Courrier des lecteurs » deviendra alors une fructueuse
source d’enrichissement et d’approfondissement de notre doctrine. Redoublons
d’efforts, les temps présents seront bientôt révolus.
Amen.
P.S.- Nous devons nous faire entendre également par les divers groupements d’écologistes parce qu’ils comprennent enfin que leurs objectifs louables (frein à une croissance continue, diminution des pollutions de tous ordres, arrêt des gaspillages insensés de toutes industries conduisant à l’épuisement du sous-sol, au saccage des forêts et à la mort des océans) ne peuvent absolument pas être pris en considération dans le régime des « Prix-Salaires-Profits ».
« Le Groupe de Salariés pour l’E.D. inter-syndicalistes professionnels » de Marseille, sous la signature de Gérard LAFFORGUE, adresse une « Lettre ouverte » à F. MITTERRAND dont nous donnons ci-après de larges extraits :
« Dans l’ombre, pendant ces tristes années, des Français
se sont réunis et ont travaillé. Ils ont réfléchi
sur le rôle des dominants, de la hiérarchie sclérosante
et étouffante et ont lutté dans des comités voulant
abolir les pouvoirs qui servent à la répression et qui
empêchent la recherche à la base, l’innovation et l’imagination
féconde. Ils ont réfléchi sur l’ECONOMIE DE MARCHE
qui ne laisse que deux voies : le capitalisme anti-égalitaire
orienté vers le profit au détriment du plus grand nombre
ou un pseudo-socialisme qui s’essouffle à vouloir gagner la gageure,
s’il ne dissocie pas le revenu du travail, de faire du social sans moyens,
à moins que ce ne soit dans la violence et la répression.
LES THEORIES DE JACQUES DUBOIN ET DE L’ECONOMIE DISTRIBUTIVE, qui ont
prévu et décrit depuis cinquante ans la crise générale
du capitalisme moderne dont nous mesurons aujourd’hui les méfaits
grandissants : montée incessante et parallèle du chômage
et de l’inflation, conséquences inéluctables du développement
de la science et des techniques, sont connues de la plupart de ceux
qui sont aujourd’hui au pouvoir, mais ont été occultées
jusqu’à maintenant. Elles pourraient cependant ouvrir un champ
nouveau et intéressant d’investigations. Ils ont aussi réfléchi
sur le rôle de l’armée. Si l’on avait écouté
Jaurès et les socialistes de 1914, on aurait probablement fait
l’économie de deux guerres car une solution négociée
avec les socialistes allemands aurait évité la guerre
de 1914 et, sur fond de revanche du traité de Versailles et de
crise économique qui amène la guerre comme la nuée
amène l’orage, la montée du fascisme et du nazisme. Ils
ont travaillé sur le nucléaire mal dominé et dangereux
dans ses suites, sur la nécessité d’un progrès
qui serve l’humanité au lieu de lui nuire.
Ils ont enfin travaillé sur le rôle à donner aux
femmes, sur l’école et sur l’information.
Monsieur le Président, nous ne demandons qu’à participer
à un véritable renouveau. Si nous ne sortons pas des sentiers
battus, nous serons amenés à disparaître alors que
nous recherchons un vrai changement de société. Alors,
le 10 mai 1981 sera enfin ce « magnifique rêve » et
le « rendez-vous de l’histoire ».
G.S.E.D.
11, rue St-Vincent de Paul
13004 MARSEILLE